Après plusieurs années sans nouvelles du Crüe, 2011 a signé le grand retour de ces hard-rockeurs incontournables. Auréolés d’un statut culte, adeptes de transgressions alcoolisées et cocaïnisés, MÖTLEY CÜNT est également, musicalement, un combo qui ne se fixe aucune limite, aucune barrière dans son style.
La preuve avec "Fuckin' A".
Qui plus qu’un interlude décapant, est un doigt levé bien haut, à toute la scène Hard Rock.

Tant musicalement que textuellement, le groupe ne s’embarrasse pas de préoccupations futiles, tels que les préjugés ou les ‘qu’en dira-t-on’. Les 10 titres de l’album défilent sans temps mort, en une demi-heure intense et agressive. Porté par un son crüe et pourtant équilibré, le combo a su évoluer radicalement, sans perdre son identité. Toujours porté par le dynamisme et la dépravation du Glam et du Hard Rock, MÖTLEY CÜNT livre ici 10 hymnes alcoolisés et énergiques, sans prétentions mais plaisants. Dont l’âpreté contraste grandement avec les dernières productions du groupe.

Car impossible de ne pas y voir un clin d’œil avec leur premier album, "Too fast For Love", tant visuellement que musicalement. Le minimalisme est de mise, occultant la modernité ou la recherche musicale, et laissant pleinement la facette ‘Rock ‘N Roll’ s’exprimer. Riffs endiablés, soli électrisants, tempos rythmés et groovy, tout est fait ici pour donner aux auditeurs envie de taper furieusement du pied, tout en se vidant une bouteille de Jack Daniels, un rail de coc’ dans la narine.
L’énergie délivrée par Fuckin' A" est furieusement contagieuse, et addictive.

Bien que diminué par une simplicité et une banalité peu habituelles, Fuckin' A" nous offre paradoxalement l’occasion d’entendre un groupe serein, et qui ne souhaite pas se laisser enfermer dans les barrières de son style.
C’est ainsi qu’en plus des habituels gimmicks inhérentes au groupe, Vince ‘Seth’ Neil a radicalement changé sa façon de chanter. Son chant haut perché a évolué dans l’augmentation de fréquence, basculant dans une sorte de chant hurlé aigu et rageur. Plus hurlé que chanté, mais toujours avec son habituelle délicatesse. Il en résulte un extrémisme peu habituel, mais plaisant.
Extrémisme amplifié par la présence d’un guest de luxe en la personne de Seth Putnam (Anal Cunt). Aussi improbable qu’inédite, cette coopération est un succès, les deux timbres de voix en venant à se confondre avec fluidité.
Cela confère à ce ‘Heavy Cock Rock’ une dimension hargneuse inédite pour le groupe, sa puissance de frappe et son dynamisme typiquement Hard Rock s’en retrouvant décuplés.

30 ans après un premier album culte, la boucle est enfin bouclée. Et c’est peu dire que de retrouver ces 4 lascars en forme est un exploit, après tous les excès dont furent capables les membres du groupe durant trois décennies. A l’image de Seth Putnam, le CRÜE a toujours été adepte de provocation et de frasques plus extrêmes les unes que les autres. Manquant à plusieurs reprises de signer la fin du groupe.

Mais le talent ne fut pas dilué dans les vapeurs d’éthanol, et le Hard Rock est plus fort que la drogue. Fuckin' A" est un album surprenant, mais plaisant. Dans la plus pure tradition du groupe, cet opus est à la fois agressif et percutant, tout en renouant avec le côté Old-School et typique, allant parfois jusqu’à rappeler Buckcherry.

ANAL CRÜE ne se fixe aucune limite, et nous délivre ici un album de Cock Rock Heavy, décapant et abrasif, dont la pauvreté musicale n’a d’égale que sa hargne et l’énergie délivrée. Ou, comment se foutre de tout, une fois de plus.


Rédigé par : ..::Ju::.. | Hommage dispensable/ | Nb de lectures : 13390