Ouah, ça faisait deux ans qu'on n'avait pas causé de la matraque anale dans les colonnes de VS. Il faut dire qu'entre ses déplacements sous le soleil californien, ses projets parallèles, la gestion de son label et la vaisselle à faire en rentrant du boulot, Mick Kenney est probablement un homme très occupé. Le chef d'orchestre rouquin a toutefois concentré son énergie pour sortir le cinquième album de son duo secoué du bocal. Petite surprise, l'album est sorti chez Candlelight et non FETO comme le précédent. Ca leur fera toujours moins de boulot de promotion et de distribution...

Hell is Empty... avait été tellement définitif que l'exploit était nécessaire pour espérer en dépasser l'atmosphère de fin du monde. Vraiment nécessaire, car Hell is Empty... proposait une foultitude de riffs et de thèmes, appuyés par des vocalises démoniaques. Donc, chaud les marrons pour le père Mick. Et apparemment, y'a pas de marrons grillés en Californie.

Mon premier souci avec In The Constellation of the Black Widow est un problème de mixage tout con. La batterie me fait chier. Dans les passages aérés, tout se passe bien. Mais dans les blasts un poil apocalyptiques, je trouve le son trop axé sur le tandem caisse claire/double, au détriment des riffs que j'ai l'impression de vivre en sourdine à l'arrière. Cette impression s'atténue toutefois au fil de l'album, car la violence s'y exprime plutôt au début (hormis le final qui latte, habituel dans de nombreuses productions histoire de marquer les mémoires). Seules les voix toujours hallucinantes de Vitriol ressortent pleinement de ce blastage en règle, ainsi que des leads surnageant telles des apparitions fantomatiques.

Mon second souci est l'impression d'avoir affaire à un album globalement efficace, mais fort peu aventureux. Hell is Empty... apparaissait comme un opus beaucoup plus varié, tentant de placer de nombreuses chausse-trappes au coin du break, là où cette dernière sortie tendrait presque vers le bête couplet/refrain. Couplet/refrain certes ravageur, comme celui de "More of Fire than Blood", mais finalement bien peu surprenant de la part d'un compositeur comme Kenney. Anaal Nathrakh déroule de l'über-blast, mais le relent de déjà-vu pique le nez et on sent grandement venir les coups.

Et encore, ne parlons pas de titres tout simplement en-deçà, comme le tout plat "The Unbearable Filth of the Soul" entièrement porté par Vitriol. "The Lucifer Effect" provoque même une frustration à rester dans le classique chez Anaal (le simple Anaal, en somme), alors qu'on ressent qu'un coup de rein supplémentaire bien placé aurait poussé le titre vers des sommets de jouissance. Même le final "Blood Eagles..." cherche à tout péter, mais ne fait que reproduire sans l'étincelle ce qui a déjà été fait.

Il reste toujours des titres qui font secouer mon popotin, tels que "More of Fire than Blood" (vi, ça reste quand même carton comme vocalises) ou le plus black "So Be It". Mais dans l'ensemble, c'est une petite déception pour moi. Encore une cette année, mais moindre que les autres.

Sinon, le livret est simple, avec un gris très chatoyant. Et cette fois, les invités sont Zeitgeist Memento (vocaliste du combo mexicain Repvblika, signé sur FETO Records) pour un titre et le copain de concert Ventnor qui vient placer deux solos.

En gros, voilà un album d'Anaal Nathrakh que je trouve honnête et qui dépassera pas mal de sorties du moment, mais voilà surtout un album qui m'accroche bien moins que leurs dernières productions. Trop prévisible et pas assez frappadingue pour mériter que je le tienne amoureusement contre mon petite cœur en chocolat.




Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 13231