C'est la quatrième fois en moins d'une année et demie que les Britanniques de ANAAL NATHRAKH ont les honneurs de nos colonnes, et même si celle de "The codex necro" n'est apparu sur VS que bien longtemps après la sortie de l'album, il n'empêche que le groupe s'est montré relativement prolifique depuis sa création. Prolifique, certes mais ce "Domine non es dignus" n'est que leur second album, le groupe s'étant un peu éparpillé en chemin sur des maxis ou autre réédition de démos. Fraîchement signé sur l'incontournable Season of mist, Rage of achilles n'ayant plus les épaules assez larges pour assurer l'avenir de ANAAL NATHRAKH (et de tous ses autres groupes d'ailleurs), on aurait pu penser que notre duo anglais allait poursuivre dans la veine de "The codex necro", son premier album et de "When fire ruins down from the sky mankind will reap as it has sown", le mini album qui l'avait suivi et qui était sorti il y à de cela un an. Après écoute de ce "Domine non es dignus", il faut bien admettre qu'il n'en ait rien, que le groupe ne s'est vraiment pas endormi sur ses lauriers et qu'il n'a pas le moins du monde essayer de capitaliser sur la formule qui a fait son succès jusque là. Pour ceux qui auraient loupé les épisodes précédents rappelons rapidement ce qu'était cette fameuse formule : un savant mélange de la puissance d'IMMORTAL et de l'intensité du MAYHEM de la grande époque, le tout mêlé à la fureur du grindcore et saupoudré d'indus, notamment grâce (à cause ?) de l'utilisation d'une boîte à rythme. Le résultat était très chaotique et ce chaos était justement l'une des marques de fabrique du groupe. Or, la première constatation qui vient à l'esprit à l'écoute de cette cuvée 2004 est justement que le pied a été assez largement levé de ce coté là. Sans pour autant laisser place à quelque chose de clean et de facilement assimilable (ce n'est pas encore de l'easy listening) ANAAL NAHTRAKH a un peu simplifié les structures de ses titres qui en deviennent dés lors beaucoup plus digestes et "mémorisables" (du moins certains passages) dès la première écoute. Même si cet album peut sans problème être écouté et apprécié d'une oreille distraite, il ne révélera sa pleine mesure qu'à ceux qui prendront la peine de le déguster, bien calé au fond du canapé, sans rien d'autre pour occuper l'esprit. La force de cet album réside sans doute dans sa capacité à associer les parties furieuses et chaotiques typiques du groupe à des passages épiques où un chant clair suraigu qui flirte avec le heavy metal fait son apparition. Il se mêle avec brio au chant black habituel de Vitriol qui une fois de plus nous montre toute l'étendue de son talent en nous apportant une nouvelle brouettée de son chant haineux tout droit sorti des enfers. Au niveau de la production, le travail fourni est une fois de plus impressionnant. Il se dégage de cet album, un esprit à la fois très proche de l'esprit originel du black metal mais en même temps très éloigné tant on est loin des habituelles productions norvégiennes, notamment celles de IMMORTAL et surtout de MAYHEM qui est sans doute l'influence majeure du groupe. Il y a aussi un petit coté heavy metal à cet album, qui même noyé sous des torrents de haine reste indéniable. ANAAL NAHTRAKH confirme avec ce second album tout le bien que l'on pensait de lui, il laisse même entrevoir un potentiel très intéressant et prometteur pour les années à venir. Prochaine étape : voir le groupe sur scène.




Rédigé par : Sheb | 16.5/20 | Nb de lectures : 11782