ANAAL NATHRAKH - Desideratum (Metal Blade) - 03/12/2014 @ 07h42
ANAAL NATHRAKH me saoule. Voilà, c’est dit, ceux qui les considèrent comme les AC/DC ou MOTÖRHEAD du Black/Grind peuvent passer leur chemin et aller acheter Desideratum, le 8ème album du duo anglais, enfin leur 2ème Vanitas, ou leur 3ème Passion, ou leur 4ème In The Constellation Of The Black Widow, ou plutôt et surtout leur 5ème Eschaton. Eschaton qui il y a huit ans avait fait exploser le groupe britannique aux oreilles de tous les amateurs de Metal (très) extrême, même si les initiés avaient déjà tâté The Codex Necro (2001) (considéré par certains comme inégalable) et Domine Non Es Dignus (2004). Eschaton avait tout de même lancé la « mode » du groupe qui mélange Black furieux, Grind râpeux et refrains en chant clair. Lui avait succédé le plus Deathgrind Hell Is Empty And All The Devils Are Here (2007) qui montrait un groupe en pleine bourre capable de rester inventif et efficace en toutes circonstances. In The Constellation Of The Black Widow était un album plus classique et donc plus Eschatonien mais demeurait bien bon, le duo Vitriol/Irrumator restait en forme et savait envoyer la sauce Black/Grind mieux que quiconque (notons d’ailleurs que malgré le succès d’ANAAL NATHRAKH, bien peu de clones existent). Certains fans étaient cependant sceptiques sur la durée de vie du bousin et voyaient en ANAAL NATHRAKH un groupe qui risquerait de rapidement tourner en rond. 5 ans et 3 albums plus tard, force est d’avouer qu’il faut leur donner raison, et je rejoins sans mal le camp de ceux qui en ont un peu ras la casquette.

Car oui, ANAAL NATHRAKH semble incapable de se renouveler et ne fait que répéter encore et encore la recette qu’il a façonné il y a huit ans avec Eschaton. C’est bien simple, ce que le groupe fait sur Desideratum, il l’a déjà fait des dizaines de fois auparavant ! Cela ne serait pas problématique dans l’absolu, on pourrait se dire « tant que ça poutre », le problème avec de genre de musique extrême sans compromis c’est que la lassitude peut vite s’installer et l’ensemble va perdre en efficacité. A force de se prendre des baffes dans la tronche, les joues sont désensibilisées et l’impact des torgnoles est fortement amoindri. Chaque morceau, chaque riff, chaque refrain, chaque minute de Desideratum est particulièrement prévisible et attendue, le groupe continue à taper là où ça fait mal mais justement, là où il tape ça ne fait plus mal du tout. Des gros riffs Grind, des assauts de trémolos Black, des vocaux qui font « AAAH YAAAAAAH GREUOOOAHHH AAAAAAARRRRGGGGH », des refrains en chant clair aux lignes vocales bien codifiées, une BAR qui mitraille, tout, TOUT est pareil que les précédents albums, c’est TOUJOURS la même chose et ce depuis 4 albums maintenant. ANAAL NATHRAKH est enfermé dans son propre style et ne semble plus avoir les moyens, ou peut-être même l’envie, d’en sortir.

Un éclair d’inspiration ou de nouveauté pourrait pourtant sortir de Desideratum par le biais de la présence de Goretech, délégué au « Cyber Warfare ». Ce qui va nous donner un aspect « industriel » légèrement (j’ai bien dit légèrement) plus présent que par le passé. Mais dès l’intro "Acherontas Movebimus", cet aspect «« industriel »» penche tout de même dangereusement vers des sonorités dubstep sous couvert de pseudo-breakcore, certes crades, mais tout de même dégueulasses et la première chose que je me suis dit c’est « mais ils sont sérieux ou bien ?! ». Et quand en plus le groupe recase ses riffs syncopés qui ont fait jaser certains puristes par le passé… Cela ne va pas faire remonter ANAAL NATHRAKH dans mon estime mais heureusement le reste de Desideratum va donner dans le AN classique avec juste quelques incursions « cyber/indus » plus ou moins discrètes. Enfin « heureusement »… Si le premier véritable morceau "Unleash" est correct, le reste de l’album est archi-convenu et hyper prévisible pour du ANAAL NATHRAKH. "Monstrum In Animo", "The One Thing Needful" (surtout le refrain), "Idol" (malgré ses vocaux très hallucinés), "The Joystream", "Rage and Red" (avec l’apport anecdotique de Kvarforth) semblent avoir été entendus maintes et maintes fois dans les précédents albums du groupe, qui ne fait qu’aligner ses gimmicks, un à un (citons encore à ce titre le plus Grind "Sub Specie Aeterni (Of Maggots and Humanity)"). Desideratum s’en sort par un aspect un peu plus sombre et moins mélodique que Vanitas, mais ça ne fonctionne pas le moins du monde, et l’innovation est encore une fois aux abonnés absents. Seul le morceau-titre innove un tantinet, mais ce au prix de syncopes discutables et d’un refrain encore une fois très attendu. Dans le même genre plus rythmé un "A Firm Foundation of Unyielding Despair" ne vaut pas un "Todos Sodos Humanos", d’ailleurs aucun morceau de Desideratum ne semble pouvoir rivaliser avec les tubes du passé. Le plus salvateur morceau de clôture "Ita Mori" est donc bien loin d’un "Castigation and Betrayal", preuve que le groupe est en petite forme (tout est relatif) et n’arrive plus à faire peur, surtout ceux qui avaient déjà bien digéré ce que le combo a sorti depuis Eschaton. La France n’a plus peur…

A la rigueur Desideratum pourrait passer pour un best-of des 3 précédents albums. Mais j’aurai préféré un nouvel album hein… Je sais qu’on va me dire que je suis « dur » mais ce n’est vraiment pas ce que j’attends d’un ANAAL NATHRAKH, groupe qui savait se renouveler il y a pas si longtemps. Là le duo se contente du minimum syndical, croyant que tabasser encore et encore suffit. Ce n’est pourtant pas compliqué : refaire un album plus Deathgrind comme Hell Is Empty And All The Devils Are Here aurait à mon avis suffi à redonner un coup de peps, au minimum un peu de variété, à la carrière du groupe, mais ils ont préféré stagner et ce à dessein. Desideratum est pour moi le plus mauvais album d’un groupe qui enchaîne les sorties trop vite, n’a plus beaucoup d’inspiration, n’arrive plus à pondre de vrais tubes et de morceaux singuliers, et finit par desservir le style si jouissif qu’il a su créer avec brio. ANAAL NATHRAKH n’a plus rien dans le sac, s’excite dans le vide, ne parvient plus à faire opiner du chef tout du moins sur album studio. Même au niveau visuel le groupe n’a plus rien à dire avec un artwork bien vide. Alors oui la musique du groupe continue à jouer son rôle de défouloir, ce qui reste la force principale du duo et le maintient au-dessus d’un certain lot faute de concurrents, mais on préfèrera ressortir les précédents albums bien supérieurs en qualité et en inspiration, et Desideratum sera vite oublié… jusqu’au prochain album (genre dans un an et demi) qui versera exactement dans le même style et qui fera dire que, finalement, il n’était pas si mal ? Hélas, ANAAL NATHRAKH lasse et j’en suis las.




Rédigé par : ZeSnake | 12/20 | Nb de lectures : 12217




Auteur
Commentaire
Nem Vapeur
IP:159.84.102.179
Invité
Posté le: 03/12/2014 à 10h21 - (115022)
D'accord à 100%

après Eschaton, je me faisais des compils en prenant les 2/3 morceaux valables de chaque album car il n'y en guère plus.

Je n'ai presque rien trouvé à extraire des 2 derniers albums.

Comme tu le dis dans la chro il retapent à des endroits qui ne font plus mal.

Et surtout ils diluent leurs quelques bonnes idées dans une discographie ultra redondante.

Le problème c'est que plus ça avance, plus le pourcentage d'albums potables baisse, on est à 50% (4 premiers albums potables, les 4 autres à l'avenant), s'ils continuent sur le lancée, ils vont passer du mauvais côté de la barrière.

Dans un autre registre, je citerais Cradle of filth pour les fréquence trop élevée de sorties et la discographie diluée dans la médiocrité mais y'en a plein d'autres.





Felix
IP:80.12.63.179
Invité
Posté le: 03/12/2014 à 10h30 - (115023)
100% pas d'accord. Ils maîtrisent toujours plus leur style.

Moulinexxx
Membre enregistré
Posté le: 03/12/2014 à 12h01 - (115025)
Pareil que Felix, si l'album précédent m'avait laissé de marbre, celui-ci redresse la barre et se révèle être d'une efficacité redoutable (à défaut d'être original, j'en conviens...)



Poney
IP:132.212.216.200
Invité
Posté le: 03/12/2014 à 15h05 - (115028)
Le gros défaut d’Anaal Nathrakh, c’est son rythme de croisière : un album magistral tous les trois ans et un apéritif entre les deux.

Eschaton a été un traumatisme musical, le genre de découverte qui te prend aux tripes et qui n’arrive que trop rarement. Puis vint Hell is Empty, avec d’excellents morceaux mais globalement moins puissant. Ce fut ensuite au tour de In the Constellation qui remettait la haine et la noirceur au goût du jour. Après ce fut un Passion creux, trop facile et trop propre. Et alors ce fut Vanitas, grosse claque qui arrivait incroyablement bien à concilier violence extrême et mélodie.

Anaal Nathrakh c’est donc ça pour moi : un album sur deux qui me marque vraiment. Et vu que le précédent a été une grosse torgnole, est-ce que le petit nouveau réussira à briser ce schéma ?

Non, et je suis parfaitement d’accord avec la chronique. Desideratum est un Vanitas bis, fainéant dans les riffs, les mélodies et les structures avec un son beaucoup trop propre. Ok, certains morceaux défoncent quand même (Unleash en tête) et l’ajout du clavier renforce l’aspect épique de certains passages (le break de Monstrum In Animo tudieu !).

Mais voila, Anaal Nathrakh est en pilotage automatique et peine ainsi à se montrer vraiment efficace, un comble pour un groupe aussi chaotique. Les ajouts électroniques n’apportent pas grand-chose et étaient plus intéressants sur Vanitas. Au moins cela m’a permis de découvrir Gore Tech.

Ce qui me rassure, c’est qu’au moins cela signifie que le prochain va défoncer.


Jus de cadavre
Membre enregistré
Posté le: 03/12/2014 à 18h15 - (115035)
Hélas entièrement d'accord avec la chro... Putain quelle branlée ils m'avaient mis quand je les ai découvert, avec ... Domine non es dignu ! "Terrifiant !", c'était ce que je me disais en l'écoutant...
Le gros problème avec Anaal, c'est qu'ils sortent leurs albums à la chaine, c'est l'usine quoi...

Diefod
IP:81.66.177.103
Invité
Posté le: 03/12/2014 à 19h07 - (115036)
Tout pareil...vite écouté, vite oublié et pas envie d'y revenir. Leur pire album en somme.

Rick
IP:213.251.182.11
Invité
Posté le: 04/12/2014 à 17h12 - (115049)
Ce qu'il faut pas lire comme chros... Hell is Empty est leur pire album. Déjà le titre ridicule digne d'un boys band de deathcore. Pour la zique, une bouse qui n'est même pas du AN, avec des plans pourris pompés au plus mauvais de Napalm Death. Desideratum reste largement supérieur à cet album ainsi qu'à Passion en passant.

CROM
IP:82.122.157.194
Invité
Posté le: 04/12/2014 à 20h32 - (115051)
Le contraire de certains : hautement addictif. Pasimplement bourrin décérébré mais plus réfléchi, peaufiné pour faire mouche. Putassier alors peut-être mais pour le coup, je pull en soie. L'exact contraire d'un album en "roue libre".

CROM
IP:82.122.157.194
Invité
Posté le: 04/12/2014 à 20h34 - (115052)
Et puis pour les blasés y'a le "3" de FUKPIG.

Poney
IP:132.212.216.200
Invité
Posté le: 05/12/2014 à 18h57 - (115068)
+1 pour Crom, Fukpig est une excellente alternative crusty à ceux qui ne se retrouvent plus dans Anaal Nathrakh même si depuis "3", ils en ont sorti une version remixée et aseptisée : "This World is Weakening".

Will
IP:90.27.86.215
Invité
Posté le: 07/12/2014 à 09h42 - (115088)
De loin leur meilleur disque.

Un con
IP:78.122.42.252
Invité
Posté le: 07/12/2014 à 22h37 - (115093)
"The Codex Necro (2001) (considéré par certains comme inégalable)"

Tout est dit.







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