AM GANESHA N - Somnia (Holy Records/Wagram) - 22/01/2004 @ 22h08
Encore moins connu mais de la même génération de groupes néo-contemplatifs, Am’Ganesha’n a suivi chez Holy Records la trace de Rajna. D’ailleurs si je ne m’abuse on compte un membre de Rajna au générique de cette entité « all-stars » de la world music française. Il me semble aussi y reconnaître l’une des prêtresses de Les Secrets de Morphée au micro, reprenez-moi si je dis une connerie. « Somnia » est la deuxième incarnation de ce projet sur disque, et comprend pas moins de 14 morceaux (sans compter un peu de rab via 2 ghost tracks pour l’édition digipack limitée), signe d’une belle prolificité même si on dénombre quelques courtes plages de transition dans le lot. Ce que conçoivent Am’Gamesha’n pourrait être décrit comme une version avancée et soutenue par des ascendances atmosphériques européennes de ce qu’on peut s’imaginer écouter si l’on flâne aux abords d’un temple bouddhiste. Je ne vais pas m’amuser à essayer de percer les subtilités de la composition, d’autant que je n’ai pas la plus petite idée du nom ni de la gueule des instruments utilisés, donc autant s’en tenir à l’essentiel : la capacité intrinsèque qu’ont de tels hymnes de cuivre et de cordes à apaiser le stress d’une journée, voire à inciter l’adepte total à se lancer dans une danse du ventre lascive au milieu de son living-room. Eu égard au pedigree d’experts-ès-musique orientale des protagonistes, on tiendrait là sans doute une référence incontestable en matière d’ethnique heavenly, seulement… Pour en venir très vite à ce qui me gêne sur cet album et me le rend fâcheux : le chant, ou plutôt les chants. Enormément d’émotions chez Am’Ganesha’n sont exprimées par la voix humaine, visitée dans tous ses états, du murmure suave à l’oratorio déclamé avec passion et forces arabesques. La présence vocale hiberne très rarement, et le plus souvent elle colonise l’aire de réception de l’auditeur en bousculant le tissu instrumental dans des retranchements peu gratifiants. Clairement, dans ces moments-ci, on peut parler de surcharge et, surtout, de mise à l’index du pouvoir méditatif de la musique au « profit » de manifestations extatiques plutôt extraverties, manquant parfois de retenue, que l’on préférerait voir s’atténuer plus tôt afin de profiter encore et encore de la pureté surnaturelle qu’expirent les harmonies filiformes nées du voyage. Qui plus est, la physionomie même des vocaux n’est pas spécialement convaincante. Le chant masculin, notamment, ne possède pas (ou tout au moins ne montre pas) le niveau requis pour s’additionner efficacement à la musique. Trop dérobé, pas assez généreux, coupable de tentatives pseudo-liturgiques (monodie « grégorienne ») pas franchement à leur place au regard de la balance culturelle à 90% orientale de l’oeuvre. Quant au chant féminin, par ailleurs excellent lorsqu’il se limite aux ondulations envoûtantes du registre angélique, il achoppe sur un accablant constat : on ne s’improvise pas soprano ! Ou en d’autres termes, singer un mode de chant soprano lorsque l’on ne dispose pas de l’exigeante tessiture vocale pour ce faire est une entreprise risquée, car il suffit de très peu de choses (par exemple rater un ton d’un cheveu) pour rendre l’écoute insoutenable. Par la grâce des dieux hindous, la demoiselle en question domine assez ses bases techniques pour nous épargner un calvaire, il n’empêche que quelques menues imprécisions et autres précipitations lors des courbures des mélodies suffisent à entamer la contenance de l’édifice - et contribuent par là même substantiellement à alimenter la « surcharge » vocale évoquée plus haut. Sans vouloir intenter le moindre procès de forme à Am’Ganesha’n, je leur préfère assez nettement leurs collègues de Rajna, et davantage encore Love is Colder Than Death, deux groupes qui, chacun à leur manière et avec leurs qualités, prônent l’idylle de lointaines terres ambrées et du gothique européen sans forcer les traits de leur virtuosité au-delà d’une sobriété avisée. Sans parler bien sûr de Dead Can Dance, mais là on entre déjà dans une toute autre galaxie…


Rédigé par : Uriel | 12,5/20 | Nb de lectures : 7538




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