Comme beaucoup de groupes naissants, AMORAL a commencé sa carrière en jouant des reprises, thrash principalement. Il en a conservé l’esprit graphique pour la pochette de son troisième CD, « Reptile Ride », qui semble être un hommage direct à la scène thrash des années 80 et à ses artworks aux traits grossiers contenant explosions, scène de batailles et tout ce qui peut avoir de près ou de loin rapport à la guerre et l’agression. On remarque en arrière plan un champignon atomique aux traits de la mascotte actuelle des Finlandais, une sorte de crâne boursouflé rappelant Diskor, le chef des Monstroplantes, et on peut distinguer au tout premier plan cinq passagers d’un avion dont l’un des moteurs est en feu. Leurs visages sont bien entendu ceux des membres du groupe et c’est là un indice sur l’état d’esprit d’AMORAL, qui ne se prend visiblement pas au sérieux et joue de tous les clichés disponibles. Cette longue introduction donc, pour dire que malgré un choix d’artwork discutable qui risque de les pénaliser en raison de son côté amateur, les Finlandais proposent un thrash/death beaucoup plus professionnel et font preuve d’un recul par rapport aux gimmicks et d’une fidélité à leurs origines qui les rendent très sympathiques.

Récemment élu « Groupe du Mois » sur un gros forum métal finlandais, AMORAL récolte semble-t-il avec « Reptile Ride » les fruits de son labeur et il faut avouer que c’est assez mérité. A l’opposé de son visuel vintage, l’album propose en effet un thrash moderne mâtiné de death (surtout au niveau du chant et dans quelques rares blasts abortidiens), très typé scandinave, intégrant éléments extrêmes et mélodies heavy metal avec bonheur. Le reproche majeur qui peut être fait à la formation est le sempiternel manque d’originalité, un reproche cependant difficilement contournable quand on fait partie d’une scène aussi ancienne et prolifique. On a donc immédiatement le choix de suivre le groupe et de voir où il veut nous emmener ou de se braquer et de mettre le CD de côté. Cette dernière option serait pourtant une erreur, car bien que ne faisant que suivre une voie empruntée par tant de monde depuis si longtemps que ses ornières doivent ressembler aux falaises abruptes du grand Canyon, le groupe tire son épingle du jeu en ne commettant aucune faute de goût et en faisant preuve d’une belle application.

« Reptile Ride » est un album varié et énergique, souvent bourrin, constitué de morceaux simples d’écoute flirtant parfois avec le hard rock ou le heavy mélodique (le riff de « Mute ») et jouant du solo comme d’autres jouent du blast beat tout en conservant une réelle agressivité. La basse ronronne comme un gros matou vautré sur les burnes de son maître après s’être tapé une souris bien grasse, les riffs sautillent ou laminent, Niko Kalliojärvi aboie comme un clébard irascible, on avance en territoire connu c’est certain, mais la qualité d’exécution fait la différence. Il ne restera certainement pas dans les mémoires comme l’album de l’année 2007, mais a assez de qualités pour faire passer de bons moments aux amateurs du style et aux curieux désireux d’étendre leur horizon musical… et c’est peut-être cette passerelle qu’il crée entre différents styles qui en est le principal intérêt. Quand SCAR SYMMETRY joue la carte du chant clair et des refrains Top50, AMORAL sort la strato et joue la carte du blast saupoudré de kilos de solos heavy, une autre vision de l'ouverture musicale qui n'a rien à envier à leurs compatriotes suédois passés maîtres dans cet art depuis longtemps!


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 10518