Je n'avais jamais prêté une grande attention à ce que Amon Amarth faisaient avant de sortir cet album. J'avais pourtant bien apprécié le précédent "the crusher" suite à une méritante prestation distillée à Strasbourg à l'occasion du No Mercy 2001. Leur death (et leur physique...) viking lourd et percutant, parfaitement taillé pour la scène, avait largement fait l'unanimité et j'ai définitivement eu la certitude que je me trouvais en présence d'une nouvelle carrure de la scène européenne. Au lieu de me plonger dans le passé du groupe, j'ai donc préféré attendre un nouvel album pour savoir si les bonnes sensations que j'avais ressenties se reproduiraient à nouveau. Et là, toutes mes espérances ont été plus que comblées...Tout en gardant leur style bien propre et leurs racines de mythologie guerrière, les suédois ont extrapolé leur musique pour arriver au niveau du groupe le plus puissant qui ait jamais sévi sur la scène death, à savoir Bolt Thrower. L'introductif "death in fire", par sa rythmique mid-tempo fantastique et ses vocaux d'une justesse surprenante est tout bonnement le meilleur morceau de death "old-school" qu'il m'ait été donné d'entendre depuis de nombreuses années. Les roulements de double qui vous feront tomber le mucus des poumons n'ont d'égal que le travail des guitares, étonnant moment de coopération entre les deux gratteux qui transcendent un style qui commençait à avoir des toiles d'araignée. Et les autres titres, me direz vous ? Et bien, ils prennent la relève du brulôt figurant en première position avec brio (avec qui ?) et efficacité. Si le rythme décolle un peu sur "for the stabwounds in our backs", tout reste dans une norme privilégiant la lourdeur rythmique aux envolées épileptiques. On ne trouvera point de blast-beats, de breaks techniques ou d'arrangements symphoniques sur un album de Amon Amarth. Ici, les émotions s'écoulent des guitares comme la sueur sur le front du viking en plein combat. Le groupe fait même dans le death plus intimiste avec des odes guerriers comme "where silent gods stand guard" ou le splendide "across the rainbow bridge". Que dire également des riffs titanesques de "thousand years of oppression" qui renvoient la quasi-totalité des formations de death actuelles à l'école primaire de la brutalité ? Que dire de la pesanteur qui vous colle au sol sur "vs the world" ou sur "bloodshed" ? Que dire des vocaux de Johan Hegg, rauques et terriblements enivrants, qui semblent presque irréels par leur harmonie avec la musique ? Il n'y a tout simplement rien à dire car cet album va droit au but, ne trompe pas l'auditeur et nous offre 48 minutes de sans-faute absolu. Je n'ai pas ressenti un tel choc "deathesque" depuis ma première écoute du "warmaster" des déjà-nommés Bolt Thrower qui est l'oeuvre vraisemblablement la plus proche de ce monument. Mais ne vous y trompez pas : sous ses apparences de gros lourdaud sonore, "versus the world" est certainement l'un des albums de death les plus accessibles de l'année. La production a parfaitement réussi à conserver la rage que le groupe a en concert et l'a simplement canalisée pour en faire ressortir toutes les finesses. Ce disque présente également un signe qui ne trompe pas : Mme Loufi, autrefois fervente défenderesse du gothic-métal mielleux et politiquement correct, a l'habitude de me demander de lui concocter des compils en tout genre pour ses écoutes privées dans sa Ford Ka. Pour la première fois, certainement convaincue par mes multiples écoutes de ce disque, elle m'a demandé de faire figurer deux titres de Amon Amarth sur sa nouvelle galette. C'est pas beau ça ? En vieux briscard du death old-school que je suis, je proclame donc "versus the world" meilleure galette de métal de la mort de l'année. Applaudissements pour les nouveaux Warmasters !




Rédigé par : Loufi | 18.5/20 | Nb de lectures : 11879