"Versus The World", quatrième album des Suédois d'AMON AMARTH et dernière réédition accompagnée d'un bonus CD reprenant l'intégralité de l'album joué en live le 31 décembre 2008. "Versus The World" n'est pas un album anodin dans la discographie d'AMON AMARTH, il marque un tournant dans la carrière des Suédois, tant pour le groupe que pour ses fans. Ce quatrième opus est l'album de la reconnaissance, à la fois publique et critique et ce que beaucoup ignorent, c'est que cette ferveur est ce qui a permis au groupe de continuer.

"The End", tel était le titre initialement prévu pour "Versus The World", l'album d'un groupe, écœuré par le business, qui comptait tirer sa révérence par le biais de cet ultime opus. Les plans changèrent au cours de l'enregistrement et "The End" devint "Versus The World", un titre qui selon J. Hegg reflétait l'état d'esprit du groupe à l'époque. Cependant la ligne directrice resta la même et pour bien illustrer cette volonté d'en finir, le thème de Ragnarök s'imposa naturellement. On le retrouve entre autres dans "For the Stabwounds in Our Backs", second titre de l'album évoquant Loke conduisant l'armée des morts contre Asgard, "Down the Slopes of Death" qui nous dépeint l'ultime chevauchée d'Odin, le magnifique "Bloodshed" relatant le destin de l'humanité face à l'apocalypse ou bien encore "...and Soon the World Will Cease to Be", l'épilogue dramatique de l'affrontement qui eut lieu à Ragnarök.

Mais s'il ne devait rester qu'un seul et unique titre pour représenter "Versus The World", cela serait sans nul doute "Death In Fire". C'est d'ailleurs en partie grâce à ce morceau qu'AMON AMARTH existe encore au jour d'aujourd'hui. C'est lors du Wacken 2002 que le groupe joua en avant-première ce titre et la réaction des metalheads présents fut telle qu'elle redonna un semblant de confiance au groupe. Cela fut confirmé trois mois plus tard à la sortie de l'album avec un accueil médiatique sans précédent dans l'histoire d'AMON AMARTH. Alors qu'affluaient les propositions de tournées et invitations à divers festivals, le groupe retrouva confiance et se mit en tête de ne pas en rester là, il fallait dès lors prouver que "Versus The World" n'était pas qu'un coup de marteau de Thor dans l'eau, mais bel et bien le commencement d'une nouvelle ère qui allait faire d'AMON AMARTH l'un des piliers de la scène extrême.

Revenons-en à "Death In Fire", pour l'anecdote sachez tout d'abord que ce titre a été trouvé par Dan Lilker, le bassiste de NUCLEAR ASSAULT, lorsque ce dernier demanda à J. Hegg ce que les initiales "D.I.F", brodés sur son maillot de foot, signifiaient. Impossible pour Johan de se sortir de la tête cette phrase qui allait devenir l'hymne du refrain le plus fédérateur d'AMON AMARTH. J'évoquais, à l'occasion de la réédition de "The Avenger", mon amour inconditionnel pour le titre "Bleed For Ancient Gods", mais je vous avouerai également que j'aurais du mal à le considérer supérieur à "Death In Fire" tant ce morceau frôle la perfection. Et pour cause, roulement de toms dantesque en intro, riffs à la mélodie on ne peut plus captivante, solo véritablement épique et quel refrain : DEATH IN FIRE! Un morceau tellement puissant et enivrant qu'il devint vite la coqueluche des fans, ce qui mettra même le groupe dans l'embarras et finira par les agacer. J'en veux pour preuve le concert du Fury Fest 2005 où à peine arrivé sur scène, J. Hegg demanda aux fans présents dans le brasier de la petite salle, d'arrêter de scander "Death In Fire" puisque le morceau serait évidemment joué plus tard dans la soirée. Ce problème fut réglé sur les tournées suivantes puisque "Death In Fire" apparaissait systématiquement bien avant la fin du set.

"Versus The World" marque également un changement crucial dans le son d'AMON AMARTH. A l'origine les plans étaient de retourner chez mister Tägtgren mais ce dernier avait décidé de mettre le studio Abyss en sommeil pour se consacrer à PAIN. Le groupe évoqua dans un premier temps le Fredman mais jeta finalement son dévolu sur le Berno Studio de monsieur Paulsson. Cette association fonctionna à merveille, Paulsson donnant à "Versus The World" un son tout aussi propre que puissant pour un rendu nettement plus efficace que ce qu'aurait donné le même album enregistré chez Tägtgren. Je vous invite donc à remercier Peter qui, en préférant faire de l'électro pop en carton, a indirectement permis à AMON AMARTH d'avoir une bien meilleure production.

Pour le contenu de l'album en lui-même je vous invite à vous référer à la kro de notre regretté gendarme à moustache qui a très bien résumé ce que l'on trouve musicalement dans "Versus The World". En ce qui me concerne je dirais que cette alliance de la mélodie et de la puissance est absolument imparable.

Un petit mot pour terminer sur le CD live accompagnant cette réédition puisque qu'il s'agit du meilleur des quatre. C'est peut-être aussi le concert qui était le plus attendu et vous vous en rendrez aisément compte en entendant le public de Bochum reprendre en chœur des "Bloodshed!" dévastateurs à l'invite de Johan. Culte.


Rédigé par : wasted | Réédition/ | Nb de lectures : 12533