A l’origine duo formé par Neige (ALCEST, FORGOTTEN WOODS) et Audrey S., AMESOEURS a sorti, en 2006, sous la bannière de Northern Silence Productions, un EP 3 titres intitulé « Ruines Humaines ». Trois ans plus, tard, renforcé par deux membres supplémentaires : Fursy (LES DISCRETS) et Winterhalter à la batterie, AMESOEURS revient avec un premier album tout droit sorti des forges soniques du Klangschmiede Studio E de Markus Stock (EMPYRIUM, THE VISION BLEAK).

Au niveau du son, le groupe reste fidèle à ses influences et à « Ruines Humaines ». En effet, ici, point de grosse artillerie moderne qui ravage tout sur son passage. AMESOEURS s’est forgé un son à l’image de son univers : vaporeux, glauque, oppressant. Une réverbération malsaine enveloppe l’ensemble dépeignant parfaitement l’étouffante atmosphère urbaine.

Le groupe décrit avec précision cet opus comme une « bande son kaléidoscopique pour l’époque moderne ». Et voici le disque résumé.
Il s’agit, tout comme « Ruines Humaines », d’un puzzle hétéroclite rassemblant aussi bien la violence du black metal, l’énergie punk rock, les vapeurs post-traumatiques de la new wave et de JOY DIVISION, et une poésie adolescente angoissée rappelant fortement INDOCHINE. Et ce méli-mélo fait l’essence d’AMESOEURS.
La voix naïve d’Audrey S. succède aux cris décharnés de Neige. Un titre typiquement new wave comme « Video Girl », tout en chant clair, vient directement après la déferlante black metal de « Troubles (éveils infâmes) ».

L’univers d’AMESOEURS est urbain, malsain. La douleur, le remord, la claustrophobie, les « nuits sales » et les « jours endormis » prennent vie dans leurs vibrations anxieuses. Les visuels et la mise en page du livret, dans la même veine que « Ruines Humaines », confirment ce qui se dégage des textes et de la musique. Cependant, ces textes sont très naïfs, même si pure noirceur. Cette maladresse appuie pourtant les mondes frustes qui sont chantés. Toute poésie est absente (hormis le « Recueillement » de Baudelaire), concentré dans une prose presque énumérative, rugueuse, comparable à ces édifices dressés en écueils ornant la pochette. L’auditeur butera sur les mots comme sur les cailloux aiguisés jonchant un chemin rébarbatif de montage. Mais ces mots, noyés dans les nappes mouvantes des guitares et des cymbales, prennent une autre dimension, purement ambiante.

AMESOEURS nous propose un premier album qui confirme les bases qu’ils ont posés avec leur précédent EP. Le son, les textes, les visuels forment un tout combiné qui mène sa propre vie.
Le manque d’homogénéité stylistique pourra rebuter beaucoup d’auditeurs.


Rédigé par : Matthieu | 13/20 | Nb de lectures : 11751