A l’origine, Amaseffer formation israélienne est née de l’idée d’un batteur, Erez Yohanan, qui s’est vite entouré de 2 guitaristes, Yuval Kramer et Hanan Avramovich. Le lien avec l’Europe et Insideout c’est fait, semble-t-il, par l’intermédiaire d’Andy Kuntz (Vanden Plas) qui avait au préalable été retenu comme chanteur. Ce dernier a d’ailleurs écrit l’intégralité des textes.

Mais, ne pouvant se libérer complètement pour cet ambitieux projet, il a été remplacé par Mats Leven qui officia un temps avec Therion mais aussi avec Malmsteen et Krux. Les autres participants sont Kobi Farhi d’Orphaned Land, Angela Gossow, la « growleuse » d’Arch Enemy et un orchestre philharmonique. La production est l’œuvre de Markus Teske (Vanden Plas – Abydos – Saga) et le tout a été enregistré en Allemagne.

"Exodus – Slaves For Life" est le premier volet d’un triptyque qui poursuit l’objectif de nous conter l’histoire ô combien tumultueuse du Peuple d’Israël depuis sa mise en esclavage par Pharaon (vers -1640 avant J.C) puis sa sortie d’Egypte et enfin son arrivée en terre promise.

Inutile de préciser qu’une telle œuvre (et là le vocable n’est pas usurpé) ne peut s’appréhender que sur la longueur. Il faut, pour l’apprécier dans son entier, se réserver du temps et l’écouter au calme, loin du tumulte de la vie courante.

Métal progressif, textes parlés, musique de film épique et folklore moyen oriental forment la base essentielle de ce premier volet de près de 80 minutes. Le tout est adroitement mêlé et permet à l’auditeur de faire un voyage de plus de 35 siècles en arrière.

On appréciera particulièrement le chant : celui de Mats Leven; en plus de sa qualité, se montre pertinent, ne sombre pas dans la bavardise et donne aux textes de Kuntz toute la théâtralité et la gravité dont le récit a besoin. En alternance ou en duo avec Leven, Kobi Farhi intervient dans sa langue natale sur des mélopées orientales et permet à un titre comme "Zipporah" d’atteindre un sommet dans l’émotion.

Les quelques growls de miss Gossow sur "Slaves For Life" parachèvent la notion de grandeur et de noblesse de cette chronique ancestrale.

Côté instrumentation, les riffs métal, les soli (sobres) se fondent admirablement avec l’orchestration symphonique sans mièvrerie ni recours à la facilité. Car audacieux et progressif, cet opus l’est sans conteste.

Les trois gros morceaux de l’album dépassent les 10 minutes ; "Birth of Deliverance" 11min11, "Midian" 11min48 et "Ten Plagues" 11min29 sont des monuments d’intelligence et de finesse dans leur construction et leur développement. Mais les autres ne sont pas en reste. Exemple "Slaves For Life" où l’utilisation d’un instrument aussi peu métal que la flûte apporte une touche exotique qui emporte l’adhésion.

Et n’oublions pas le soin apporté aux bruitages en tous genres qui sont d’une justesse et d’une efficacité épatante que la production tout aussi remarquable élève simplement au rang de merveille.

Pour un premier jet, cette introduction sur l’histoire des Hébreux est passionnante de bout en bout et assure à Amaseffer une terre promise à laquelle il ne s’attendait sans doute pas. Et nous auditeurs conquis, c’est la patience qu’il va nous falloir cultiver. Après Myrath l’année dernière, le métal progressif d’inspiration orientale trouve là de quoi se renouveler avec brio. Vivement la suite !


Rédigé par : Karadok | 18/20 | Nb de lectures : 11140