Je ne pense pas que refaire une biographie de Am'Ganesha'n soit vraiment nécessaire car Uriel avait déjà tout dit dans sa kronik précédente de "Somnia". Le dieu éléphant est donc de retour avec un troisième opus qui ne se démarque guère de la ligne de conduite que le projet s'est fixé dès ses débuts. Pour ceux qui débarquent, Amtruc est formé de membres de Rajna et de Speaking Silence et se focalise sur une musique ambient très portée sur les saveurs exotiques, qu'elles soient tibétaines, indiennes, médiévales ou slaves. L'utilisation plus marquée de percussions, d'instruments atypiques et d'arrangements recherchés rendent ce projet plus "vivant" qu'une majorité de comparses du style.
Si le novice sera surpris de la présence du groupe dans l'écurie Holy, il pourra également être enchanté par les ambiances qui se dégagent de "Elefteria". Les 16 titres sont plutôt courts et tapent large dans la palette d'influences, toujours dans un esprit assez tribal. Si les influences orientales sonnent comme certains films made in Bollywood, l’ossature de la musique vient des prémices de la darkwave, des heavenly voices et de tous ses dérivés. La limite entre musique ambient et folklore est souvent allègrement franchie et on regrettera peut-être que la composition n'ait pas toujours apporté la note sombre ou décalée susceptible de recentrer Am'ganesha'n dans une scène extrême à laquelle on est forcé de l'apparenter.
L'écoute de "Elefteria" me fait malheureusement trop souvent penser à une grosse partie de zapping. D'un morceau à l'autre, on change d'univers, d'ambiances et de culture. Ca fait beaucoup et des projets bien plus ambitieux comme Qntal, Arcana ou même Rajna (preuve que le talent est là) m'ont bien plus marqués. Les vocaux féminins, en surnombre se contentent la plupart du temps de lignes basiques, mais sont bien moins gênants que les vocalises masculines, inutiles et souvent irritantes. Quand la musique se fait plus noire et plus reposante comme sur "Caeligena", on apprécie le potentiel de Am'ganesha'n à sa juste mesure. Autrement, ce disque ne renouvelle pas vraiment la démarche entreprise sur "Beyond the soul" en 2001 et se contente de reprendre des recettes un peu éculées. Quiconque est fortement ancré dans cette scène sera forcément déçu. Comme initiation ou petit interlude original, "Elefteria" fera certainement l'affaire. Pour ma part, je me suis assez vite ennuyé. Même si on sent énormément de talent et de documentation culturelle dans cet opus, "routine" est le résumé le plus adapté à cette nouvelle sortie.


Rédigé par : Loufi | 10/20 | Nb de lectures : 11408