Je suis toujours assez ennuyé avec les albums d'ALUK TODOLO, non pas qu'ils ne sont pas bons où même qu'ils ne me plaisent pas, loin s'en faut, mais je ressors toujours de mes multiples écoutes de leurs skeuds avec une intense frustration, ce sentiment de ne pas avoir la culture musicale, les repères nécessaires pour parfaitement décrire, jauger et juger ces oeuvres. Il faut dire que je n'ai jamais écouté la moindre note de Krautrock et qu'on m'a fourgué les disques de ce combo uniquement parce que c'était lent, que ça se rapprochait un peu du doom et que donc "ça c'est pour Sheb". N'allez pourtant pas croire que kroniker les skeuds de ce groupe est une corvée, loin de là. Ils sont tout de même les premiers à m'avoir fait kroniker un vinyl et rien que pour ça, ils ont tout mon respect. Mais ne nous égarons pas et revenons à ce qui nous intéresse aujourd'hui à savoir "Finsternis", le second album d'ALUK TODOLO après "Descension" sorti en 2007.

Avec des titres tel que "Premier contact", "Deuxième contact", "Totalité", "Troisième contact" et "Quatrième contact", on comprend tout de suite que l'on ne va pas rigoler, que le trio français n'a pas changé son fusil d'épaule et que l'austérité est toujours ici de rigueur. Les morceaux oscillent entre 5 et un peu plus de 10 minutes mais s'enchaînent sans temps mort et l'album doit plus se considérer comme un bloc unique découpé en cinq mouvements qui au final aboutit à un ensemble plutôt court (moins de 40 minutes) et donc très digeste. Ce qui frappe d'entrée c'est le son et surtout son évolution. Sur le premier album et surtout sur le EP, on avait l'impression que le groupe avait enregistré dans son local de repet, genre "official rehearsal". Cela pouvait peut-être en gêner certains, adeptes des productions plus amples, moins caverneuses mais cela donnait une identité forte au groupe, identité qu'il a selon moi un peu perdu en optant pour une production différente. On peut également se dire que le groupe ne souhaite pas réduire son image à un simple gimmick et qu'il fait ce qu'il veut, qu'il explore, qu'il crée et ça c'est peut-être pas plus mal car en dépit de ce changement d'ambiance, la patte ALUK TODOLO est bien là, on retrouve le style hypnotique, les ambiances psychédéliques, la guitare saturée, crade, bruitiste, la basse épaisse et lourde et la batterie plus hypnotique que jamais ici, adepte d'un minimalisme qui ne manquera pas d'en pousser certains au suicide (ou plus sobrement à virer le CD de la platine) car le concept de la batterie sur cette galette c'est un tempo binaire qui ne quitte sa ligne de conduite que très rarement et toujours pour vite y revenir, variant juste le contenu de sa frappe des toms bass aux cymbales.

Bref, je ne sais pas trop où se situe ALUK TODOLO dans la scène krautrock actuelle, je ne sais d'ailleurs même pas s'il existe une quelconque scène krautrock aujourd'hui où si nos trois Frenchies sont les pionniers du renouveau d'un style. Je ne sais si d'autres ont déjà fait la même chose mais en mieux, en plus captivant ou plus expérimental. Tout ce que je sais c'est que ALUK TODOLO continue sa route, que son style évolue d'enregistrement en enregistrement diluant de plus en plus les quelques microscopiques traces de black metal que l'on pouvait encore vaguement trouver ici ou là sur l'album précédent (peut-être justement grâce à l'ambiance caverneuse dont je parlais plus haut). Au final un album bien sûr très exigeant, qu'on ne peut écouter distraitement, d'une oreille et qui demandera de nombreuses écoutes avant d'être vraiment appréhendé. Ne convient pas à toutes les oreilles.


Rédigé par : Sheb | 14/20 | Nb de lectures : 12608