Le précédent album d'All Shall Perish avait fait son petit effet et le groupe, grâce notamment à la distribution de Nuclear Blast, a pu jouir d'une certaine reconnaissance parmi les amateurs de musique brutâââle. Se definissant comme un groupe mélangeant "death metal and technical grind" (c'est le site qui le dit, pas moi), mon avis est qu'on se rapproche plus du deathcore avec une grosse rasade de mélodie et que le groupe s'affranchit de ses influences premières pour proposer une musique qui a perdu un peu de son côté core pour glisser vers le mélo non sirupeux (eau, sirop, blague...).
Ainsi, à peine le cd lancé, on sent qu'on se trouve face à un album qui en a dans la culotte mais qui sait se montrer aussi très subtil dans l'art de la baffe (the subtle tatane's Art). La plupart des morceaux ont une mise en place bien percutante et efficace, headbanguante à souhait grâce à une section rythmique inébranlable: le batteur frappe comme un forgeron sourd, d'une manière délicieusement bourrine et va vous secouer le marteau et l'enclume: ça blaste, ça double grosse caisse à donf et les rythmiques plombées et métalliques, comme celle de Wage Slave ou encore la mosh-part de The True Beast, cassent la nuque et la baraque. Par contre les incursions de la basse sont moins présentes que dans le premier album et c'est un peu dommage, mais bon, passons. De plus, un feeling très groovy est bien mis en valeur par certains passages où ils savent ralentir le tempo avec de grosses mosh-parts et des choeurs virils bien placés (comme ceux que l'on peut trouver dans Destroy, Erase, Improve en plus prévisible). Vous vous retrouvez à faire le méchant poseur hardcore, fist in the air, avec la télécommande de votre chaine hifi en guise de micro (on peut aussi faire de la air guitar avec...). La plupart des compos tape juste et fort et dégage une belle énergie bien brutale pour combler les amateurs de métal extrême.
De plus, ASP a parfaitement digéré ses influences et on goûte avec plaisir à plusieurs types de metal dans ses compositions: on trouve donc certains passages gruik-gruik le petit cochon nrv (début de There is no business...), d'autres avec des relents blacks aux intonations eviiils comme dans Prisonner of War, un des meilleurs titres de l'album. Le chanteur maîtrise bien sa voix, il déclame à growls et à cris et réussit à faire oublier son prédecesseur qui était plus limité... Ces petites touches stylistiques apportent un intérêt certain à l'album et évitent l'ennui, mais ce qui fait vraiment la substance de l'album, c'est la science du riff des guitaristes!
C'est là que l'on sent que le changement de line-up a été bénéfique! Les riffs sont subtilement développés et, servi par une technique affirmée, leur metal se fond dans une musicalite imparable. Sous cette croute de brutalité, on trouve des mélodies fondantes, jamais mielleuses, toujours bien senties et amenées. Quand je parle de technique, je ne fais pas référence à celle un peu gonflante d'un Alarum mais plutôt à celle qui sert les compos sans sombrer dans l'allumage de manche ou dans les rythmiques en 5/23. Et niveau mélodie, ASP est très éloigné de la scène suédoise car ils ne s'y attardent pas avec des chants clairs lalala et le développement des riffs sert la richesse et la profondeur musicale. En bref, une vraie qualité de composition, loin du mièvre et qui rejette le trop mélo pour s'intéresser au côté dick, lover mais couillu quoi! Je ne peux pas oublier de parler des solos qui raviront les gratteux avec harmoniques, sweepings ou tappings et tous parfaitement integrés aux compos.
Il y a pourtant deux choses qui m'ont chiffonné dans cet album: déjà le son aurait mérité d'être un petit peu plus organique car même si la production est excellente, elle sonne parfois trop metalcore et grignote donc sur le feeling plutôt bourru des compos. Je pense que le groupe y aurait gagné en s'essayant à un son plus roots. De plus, l'album semble s'essoufler sur la longueur et, malgré un enchaînement bien geré entre les morceaux, la fin de l'album retient moins l'attention. Heureusement, des parties sacrément musclées viennent nous attraper par le cou, ouille!..
Cet album reste une belle réussite car l'équilibre entre la force brute et le toucher est parfait. Les qualités du premier album sont ainsi transcendées par un travail musical beaucoup plus approfondi et intéressant. Et puis ça fait tellement plaisir de voir que de beaux tatoués ont aussi un coeur et une sensibilité sous les poils!


Rédigé par : jvice | 15/20 | Nb de lectures : 14766