Allez savoir pourquoi ? ALL SHALL PERISH est un groupe qui a presque toujours aiguisé ma méfiance. Oui presque toujours tout simplement parce que j’avais été comme tout le monde à la sortie de « Hate.Malice.Revenge », peut-être un peu moins enthousiaste que la plupart mais néanmoins, impressionné par le deathcore des Californiens. Quelques mois plus tard pour la sortie de « The Price of Existence », j’avais esquivé la chronique même si la presse plébiscitait quasi-unanimement le retour du groupe avec un nouveau chanteur et un nouveau guitariste. ALL SHALL PERISH prenait du poids, de la maturité et semblait plus déterminé que jamais.
Et pourtant, ce sentiment chargé d’a priori persistait chez moi.

Et me voilà face à la bête, « Awaken the Dreamers » troisième galette du groupe. Même line-up que pour « The Price of Existence », une mise en boîte au Castle Ultimate Studio par les soins de Zack Ohren qui s’était déjà chargé de DECREPIT BIRTH quelques mois plus tôt, il me ne restait plus qu’à mettre les préjugés au placard, les enfermer à double tour et à en jeter la clé.

C’est donc avec une approche totalement neutre que j’affrontais cette rondelle. Et je l’ai écoutée, réécoutée, écoutée encore et encore. Et finalement j’en suis arrivé à une synthèse des plus simples.

S’il fallait résumer ce « Awaken the Dreamers » avec un seul mot, « professionnalisme » serait définitivement le plus adapté. J’en entends déjà s’interroger sur ma santé mentale, mes acuités auditives (alors que ma sénilité précoce n’est, depuis longtemps, plus une source de doute dans les rangs de la rédaction). Cet article aurait pu contenir une flopée d’adjectifs enthousiastes, de tirades élogieuses mais non, désolé. J’ai essayé, mais rien à faire.

Toutefois, il faudrait faire preuve d’une mauvaise foi absolue pour ne pas trouver des qualités à ce disque. Les titres sont, pour la plupart, taillés dans le roc avec de gros riffs qui tabassent, une section rythmique écrasante. La technicité des zicos, et tout particulièrement des guitaristes, est irréprochable. Le chanteur qui a succédé au charismatique Craig Betit dispose d’un registre nettement plus vaste qui part des growls, jusqu’au chant clair. Il nous fait même des petits trémolos dans les aigus digne de Rob Halford. ALL SHALL PERISH a également bien évolué et mis de l’eau dans son vin incorporant à sa musique de la mélodie, des montées de guitares, typiquement deathcore, dignes de Super Mario. Le groupe s’est offert une production monumentale et un artwork, comme toujours, chargé de symboles, de cynisme. Alors qu’est-ce qui ne va pas encore ?

Hé bien au risque de passer pour le dernier des bourrins, j’ai du mal à comprendre ce qui a poussé ALL SHALL PERISH à nous placer sur ce disque quelques plans délicatement mignons tout plein (« Black Gold Reign », « The Ones Left behind ») et surtout une jolie ballade (« Memories of a Glass Sanctuary ») aussi incongrue qu’un neurone dans le crâne d’un candidat de télé-réalité. Comment ne pas trouver déplacé et sirupeux un slow au beau milieu d’un véritable carnage ? Oui, sirupeux mais l’impression qu’il laisse est plus amère qu’une tartine de cérumen.
Le ver est-il dans le fruit.
Le groupe nous prépare-t-il au sticker « Vu à la TV » qui ornera peut-être son prochain disque ? Passera-t-il aux MTV music Award pour remercier Dieu comme la plupart des cons distingués sur l’autel du mercantilisme ricain qui brade et corrompt la musique chaque jour d’avantage ?

Et si tout simplement le groupe avait eu envie de prendre du recul devant une surenchère de sauvagerie, affichant courageusement un autre visage que celui, bien connu, de briseur d’échine ?
Difficile à dire, mais les fans d’ALL SHALL PERISH trouveront probablement leur compte alors que d’autres trouveront peut-être tout ça un petit peu trop artificiel pour être réellement honnête.

Choisis ton camp, camarade…


Rédigé par : Tonton | Le fans 15/20, le vieux con aigri 12 | Nb de lectures : 12444