Chroniquer un groupe culte a toujours son petit effet. On a l'impression de caresser un mythe, une légende, quelque chose d'important qui a marqué une ère. Un groupe dont la stature et le vécu sont importants engendre toujours un certain respect et c'est exactement ce que je ressens pour All Out War. Le combo de Newburgh (New York) jouit d'une réputation importante et internationale dans la sphère métal et hardcore. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, sachez que All Out War n'est ni plus ni moins que le fondateur du metalcore. Le groupe mélange en effet le hardcore de la fin des 80's (Cro Mags, Sick Of It All) et le thrash qu'il soit US (Slayer notamment) ou bien européen (Kreator, Sodom) le tout en 1991. Depuis cette date, le groupe a parcouru un long chemin de croix. Après avoir sorti moults demo et EP, vint la consécration avec leur album "For Those Who Were Crucified" en 1998, album majeur du genre. Leur split en 2001 causa un grand vide dans la scène metal hardore new yorkaise mais ce vide fut compensé par leur reformation en 2003. Depuis, "Condemned To Suffer" est sorti et me voici donc avec, entre les mains, "Assassins In The House Of Gods", quatrième full length du groupe.

"Condemned To Suffer" m'avait grandement enthousiasmé lors de sa sortie en 2003. Plus rapide, plus agressif et teigneux que "For Those Who Were Crucified", ce disque ne laissait transparaître aucun doute quant au retour du groupe : ils sont là pour rester !!! Quatre ans se sont écoulés et pourtant "Assassins In The House Of Gods" reprend exactement là où le précédent opus s'est arrêté et c'est tant mieux. On retrouve donc cet enchevètrement de riffs thrashy rappellant Sodom, ses accélérations furieuses, ses mosh parts destructrices et la voix si particulière de Mike Score.

Les amateurs du groupe peuvent déjà se procurer l'album tellement il est conforme à ce que l'on atttend de All Out War. Dès "Curtain Call For The Crucified", le ton est donné : riff pachydermique (piqué sur Sodom, il faut bien l'avouer), batterie guerrière (mid tempo appuyé par de la double grosse caisse), cette lenteur atypique et ce groove reconnaissable entre mille. Les compositions ne varient pas d'un iota de tout l'album excepté "Glorified In Deceit" qui est extrêmement lent (tous les albums de All Out War possède un titre de cet acabit). On assiste à une alternance de riffs tous plus puissants les uns que les autres, la production rendant le tout extrêmement incisif.
On retrouve donc ses plans mid tempo qui ont forgé la réputation du groupe dans des titres tels que "Into The Arms Of Devastation" par exemple qui confirme la position du groupe sur la scène metal hardcore. Rarement un groupe (au même titre que Bolt Thrower par exemple) capte autant l'attention après tant d'années et un genre musical parcouru en long, en large et en travers.
Les titres rapides sont également de la partie notamment avec "The Angels Of Suicide" ou "Politics Of Apathy" dont l'ombre du grand Slayer réside de manière continue. Très grande influence du groupe, la bande à Araya semble planer en permanence au-dessus de nos bad guys de New York.
Ce qui m'a toujours marqué dans les oeuvres de All Out War, c'est cette facilité déconcertante à pondre des riffs efficaces et surtout à élaborer des transitions. Je fais notamment allusion à "The Angels Of Suicide" (meilleur titre de l'album) dont le break central risque de faire un ravage en concert. Les relances sont d'ailleurs tout aussi énergiques et travaillées.
Toutes ces caractéristiques rassemblées contribuent à une efficacité maximale et à un ennui minimal. En tant que pionnier du genre, All Out War maîtrise parfaitement son oeuvre et sa musique, laissant choir lamentablement les prétendants au trône de "roi du metalcore".

Le reproche que les pointilleux pourront faire réside dans la stagnation musicale du combo. Il est vrai que les disques se ressemblent cependant j'ai trouvé les deux dernières galettes bien plus rapides et rentre-dendans que la première période du groupe. En effet, "For Those Who Were Crucified" et "Truth In The Ages Of Lies" étaient principalement axés sur la lourdeur et une lenteur quasi omniprésentes. A croire en effet, que le split en 2003 a rendu All Out War plus teigneux, plus violent comme si la jeunesse des membres du groupe était retrouvée. Le All Out War ressuscité est plus riche, efficace et axe plus les compositions sur la vitesse.

La patte All Out War, ce sont également des paroles reconnaissables au premier coup d'oeil. Tournant toujours autour de la religion, de ses méfaits ainsi que de l'humanité, les textes écrits par le groupe sont sombres, pessimistes, empreints d'une haine qui ne semble pas décroître avec les années. Nous avons droit également à un superbe artwork illustrant parfaitement les idées du combo.
Le son général n'a pas vraiment évolué depuis "Condemned To Suffer", toujours cette massivité dans les guitares, cette batterie avec sa grosse caisse légèrement triggée et ses symbales retentissantes (la crash ne passe pas inaperçue). Même la vrombissante basse se fait entendre derrière ce déluge de décibels colériques. La voix de Mike a toujours été mise en avant dans les précédentes réalisations et c'est donc le cas sur cet opus.

Il ne fait nul doute que pour moi, "Assassins In The House Of Gods" figurera dans mon Top 10 2007. Je m'attendais à un album de qualité mais la réalité a dépassé mes fantasmes, le CD tournant en boucle depuis son achat. Le groupe ne semble pas se calmer malgré plus de 15 ans au compteur et des revirements de line-up incessants depuis sa création. Moi, je dis, respect...


Rédigé par : Vision Of Beuh | 17.5/20 | Nb de lectures : 14325