On va commencer par faire la blague du jour comme ça ce sera fait. Oui, ALLEGAEON c’est pourri comme nom. Non ce n’est pas le groupe du ministre Jean-Jacques Ayagon. Non, je ne sais pas exactement comment se prononce le patronyme de ce combo et oui, perso, quand j’en parle, je dis « Ayagon ». Voilà maintenant que c’est fait, on va passer aux choses sérieuses et rentrer dans le lard de « Fragments of Form and Function ». A quoi a-t-on affaire donc ? A du gros metal qui tache, qui débourre à toute berzingue et qui bouffe un peu à tous les râteliers. Loin d’être une mauvaise affaire, le groupe à Jean-Jacques pique ce qu’il y a de mieux dans tous les styles visités. La vitesse du black, la brutalité du death, la technicité de l’école suédoise et des intros, outros et interlude médiévaux histoire de plaire aux chevelus fans de jeux de rôles et de sandales. Beh ouais, il ne faut laisser personne sur le chemin. En gros, chaque metalleux d’où qu’il vienne devrait trouver au moins un plan, un riff, une ligne de chant, un solo ou une intro à son goût. Blackeux, deatheux, paganeux, metalleux unissezavous et jetez une oreille sur ce « Fragments of Form and Function ». Mais bon la grosse base musicale est avant tout du gros mélodeath qui tâche.

La « touch » made in ALLEGAEON, outre des influences éparses, c’est la technique. Comme pas mal de ses confrères ricains, les gratteux du Colorado ont décidé d’en foutre un peu partout histoire d’épater les copains et de sans doute compenser quelque chose. Du coup ça nuit à l’immédiateté et à l’efficacité de leur zik. Autre écueil un poil emmerdant cette impression d’avoir déjà entendu ces riffs quelque part. Celui-ci chez The Black Dalhia Murder, celui-là chez Arsis, ça fait un peu chier mais on ne peut pas vraiment leur en vouloir vu les embouteillages monstres qui embourbent cette scène. Le groupe sort du lot, du moins essaye, par sa paire de guitaristes pas mal compétents capable d’alterner brutalité metallique et toucher de velours. Si on tend bien l’oreille, on capte chaque variation, chaque note de chaque riffs. Si en plus les mecs se fendent d’une prod bien comme il faut ça rend encore le truc plus cohérent. Si les grattes sont à la fête, la voix, elle, ne donne pas non plus sa part au chien en proposant des vocaux agressifs mais assez clairs finalement. Entendons-nous bien, le gars braille mais ne mange pas ses lyrics comme beaucoup de ses collègues. La batterie bastonne sec et la basse, bah… c’est la basse quoi. Autre point intéressant qui mérite d’être soulevé, c’est la tenue des lyrics. ALLEAGEON envoie valdinguer les démons et compagnie pour se répandre dans un univers fait de techno science, de progrès scientifique, d’ADN etc, etc, certes ce n’est pas totalement nouveau, d’autres groupes creusent ce sillon mais c’est suffisamment original que pour être souligné.

Niveau compo qui bute et qui sort du lot on peut citer « The God Particle » plus groovy et « tubesque » que la moyenne et aussi « Accelerated Evolution », titre ambitieux d’une petite dizaine de minutes qui fait montre d’un beau sens de la composition « à tiroirs » en alternant diverses parties, solos, ponts et tout l’attirail de ce genre de morceaux. C’est pas encore du « …And Justice For All » mais c’est quand même pas mal. Cette pièce, située en dernière position sur l’album, laisse présager un bel avenir pour les Ricains. Ils leur faudra creuser leur style, chercher un peu d’originalité, rééquilibrer les compositions et l’avenir semble ensoleillé pour le quintette.


Rédigé par : Seb On Fire | 13/20 | Nb de lectures : 13085