Sous un nom pourri des moins engageants, laissant présager du bon combo de gothometal à poufiasse bien de chez nous et contrastant avec un artwork edge-metallisant plutôt classos, se cachent quatre innocents post-rockers havrais qui livrent ici leur second album, après un éponyme paru voilà deux ans. Gage de qualité, "Choeur Delys" débarque chez Basement Apes, label montpelliérain abritant les Time To Burn, Plebeian Grandstand ou encore les Ricains de Purse Snatcher (je vous cause de ces derniers dès que j'arrive à m'auto-botter le postérieur) en guise de trophées de chasse.

Réussir à distiller un post-rock précieux et prenant, c'est assez rare ces temps-ci pour être signalé. Comment Alkalys parvient à jouer la carte de la différence? Nos quatre larrons préfèrent garder les pieds sur terre au lieu de t'embarquer dans des montagnes russes, se concentrant sur l'aspect ambiant et organique de leur musique. Armé de deux bassistes, d'un gratteux, et d'un batteur, "Choeur Delys" déroule ses panoramas en toute quiétude. Une tranquillité qui ne sera troublée que par des plans plus math-rockisants tombant comme des touffes de cheveux dans la soupe, s'intégrant maladroitement dans l'écrin post-rock des compos (tout comme le spoken-word solennel du dernier titre).

Reste que, dans un esprit très proche d'un Godspeed You! Black Emperor qui se voudrait plus méditatif, ces sept titres aux noms d'un mauvais goût digne de math-rockers apaisent le tympan, le dorlote sans jamais le brusquer. Du post-rock de salon, chaleureux et crépitant comme un feu de cheminée, qui contraste bienheureusement avec la pureté exacerbée des Evpatoria Report et autres Mono, aux kilos de plumes bien plus lourdeaux qu'autant de kilos de plomb. Sans aucune longueur superflue, ces quatre paires de mains esquissent avec talent des mélopées propices au recueillement, dégageant des atmosphères assez lumineuses. La seconde basse, jouée à l'aide d'archets, tournevis, pinces à épiler voire répliques de phallus vibrantes, finit d'enrober les compositions avec des triturations étranges allant évoquer le chant de baleines et autres paysages sonores naturels.

Bref du post-rock comme je l'apprécie, celui qui privilégie l'organique au clinique. Certes, "Choeur Delys" n'est ni parfait ni l'album qui bouleversera le genre, mais le quatuor mérite bien plus que l'étiquette de simple élève appliqué. Et dans leurs meilleurs moments, évoqueraient le silence mis en musique. Chapeau bas.


Rédigé par : Crown_Me | 15/20 | Nb de lectures : 10794