ALICE COOPER - Super Duper Alice Cooper (Eagle Vision) - 20/06/2014 @ 07h57
Après les documentaires « Metal : voyage au cœur de la bête », « Iron Maiden : Flight 666 » et « Rush : Beyond the Lighted Stage », Sam Dunn et Scot McFadyen se sont attaqués à une des plus grandes icônes de la culture américaine, l'inventeur du shock rock : Alice Cooper.
Et ils ont choisi deux angles particuliers pour ce documentaire. Le premier, celui de ne s'attarder que sur la première partie de carrière du Coop, de ses débuts jusqu'à 1986, période de son grand retour, sobre, après trois années de break. Et le second, de faire un parallèle pertinent entre la double personnalité de Vincent Furnier / Alice Cooper et celle de Dr. Jekyll et Mr. Hyde, avec des extraits du film muet originel de 1920.
Quant à la forme de ce doc, elle est très originale et réussie. Plutôt que de montrer une succession d'interviews filmées des protagonistes, ils ont choisi de proposer des interviews audio illustrées par un montage de photos superbement animées, mélangé à des images d'archives et des documents vidéo d'époque d'Alice Cooper (souvent inédits).

« Super Duper Alice Cooper » nous ramène jusqu'à l'enfance très « all american » de Vincent Furnier. Son père étant pasteur, le petit Vince est donc souvent à l'église. Mais il se détourne peu à peu de Dieu en commençant à s'intéresser à la musique. Au contact d'un certain Dennis Dunaway (futur bassiste du Alice Cooper Group) qu'il rencontre au lycée, et avec lequel il partage une passion pour le surréalisme, le dadaïsme et Salvador Dalí.
On a droit à un topo de leurs premiers groupes, The Earwigs, puis The Spiders (combos de reprises). Les photos d'archives sont d'ailleurs assez hallucinantes (la mère d'Alice -qui témoigne aussi dans le doc- a fourni pas mal de photos souvenirs de Vincent gamin). S'ensuit un énième changement de nom de groupe, The Nazz, et le grand départ à Los Angeles, l'endroit où il faut être pour espérer percer. Sauf qu'à leur arrivée dans la ville des anges en 1967, les jeunes sont en plein peace and love, et n'ont cure d'un groupe de freaks comme eux. Ils en profitent surtout pour faire leurs premières expériences avec l'alcool et la drogue, et pour lier contact avec les GTO's (un des premiers groupes de rock féminins, qui les influencera dans leur look) et le grand Frank Zappa. The Nazz devient Alice Cooper, et à partir de là ils affinent encore plus leur image et leurs shows théâtraux, qui font fuir la plupart des hippies de L.A.
Une rencontre extrêmement importante pour Alice Cooper à ce moment-là, c'est celle de Shep Gordon, qui devient leur manager. Et qui l'est toujours, 45 ans plus tard, fait rarissime dans l'histoire du rock ! Ils signent dans la foulée sur le label de Zappa, avec lequel ils enregistrent leurs deux premiers albums. Ils se résignent à quitter L.A. pour Detroit, ville plus dure et moins superficielle, où ils se sentent vraiment à la maison (Alice y a d'ailleurs grandi). Puis vient le moment pivot de leur carrière : l'incident du poulet au festival de Toronto. Pendant leur concert, Gordon a l'idée subite de balancer sur scène un poulet qui « traînait » backstage. Cooper le lance dans le public, pensant naïvement que la bestiole va s'envoler, étant donné qu'elle a des ailes. Le poulet retombe évidemment dans le public, qui le réduit en pièces et en jettent des morceaux sur scène. Cet évènement fera la une des journaux le lendemain, en indiquant qu'Alice a délibérément tué l'animal !? La légende sulfureuse du méchant Alice Cooper est née...
Autre rencontre hyper importante, c'est celle avec le producteur Bob Ezrin, qui modèlera le son du Alice Cooper Group à partir de leur troisième album, le mythique « Love It to Death » (1971), qui leur vaudra leur premier hit avec « I'm Eighteen ». Et c'est l'époque des shows de folie, qui sont devenus légendaires depuis (avec là encore des archives live inédites !) : la poupée de bébé charcutée à coups de hache, le boa constrictor, la mort d'Alice par pendaison, par guillotine, etc.
On a droit aussi à de sympathiques interventions d'icônes, qui expriment leur admiration pour Alice Cooper : Iggy Pop, Wayne Kramer, Elton John, John Lydon, Dee Snider.

Pour revenir brièvement sur leurs concerts des années 70, il ne faut pas oublier qu'Alice Cooper était vraiment choquant à cette époque-là. Personne ne proposait ces thématiques de sexe, de mort et de violence (avec souvent une touche d'humour au milieu).
« School's Out » devient leur plus gros tube en 73, et « Billion Dollar Babies » album numéro un des ventes aux USA. Alice commence alors à se perdre dans son personnage. Et les premières tensions apparaissent dans le groupe.
Le documentaire revient aussi sur un des sommets de la carrière extra-musicale d'Alice : son happening artistique en 73 avec Dalí, leur idole de jeunesse. Mais Cooper devient de plus en plus la vedette, et les autres membres du ACG se sentent comme des étrangers au sein de leur propre groupe. Malheureusement, le Alice Cooper Group périclite peu après la sortie de « Muscle of Love » (1973), et la musique d'Alice ne sera plus jamais la même.
On passe ensuite au début de sa carrière solo avec « Welcome to My Nightmare » en 75, et son show plus dans un esprit Broadway (tout en restant macabre). Alice s'amourache d'une des danseuses de cette tournée, Sheryl, avec laquelle il se marie l'année suivante. Ils sont toujours ensemble.
Cooper devient alors une figure publique, il est invité dans de nombreuses émissions TV populaires (là aussi, images d'archives inédites), dont cette cultissime émission du Muppet Show. Son aura de mystère en prend forcément un coup, le monstre est accepté en quelque sorte.
Physiquement, c'est une lente déchéance pour Alice, son alcoolisme étant en train de prendre le dessus. Ses proches le forcent à se faire soigner dans... un hôpital psychiatrique en 77. Il en ressort enfin sobre. Mais sa collaboration avec Bernie Taupin sur l'album suivant (le flamboyant « From the Inside » - 1978) sera aussi sa chute : ce dernier lui fait goûter à la cocaïne et au crack...
Le punk est aussi apparu entretemps, et toute cette période de la fin des années 70 – début 80 marque un net déclin de popularité pour Alice Cooper, sans compter son agonie physique (qui l'oblige notamment à annuler certaines tournées). Néanmoins, je trouve ses albums « Flush the Fashion », « Special Forces », « Zipper Catches Skin » et « Dada » fascinants. Imparfaits certes, mais très aventureux, et contenant chacun des pépites oubliées à réécouter et à réhabiliter d'urgence. Pour info, Alice garde très peu de souvenirs de toute cette période... SCARY. Dommage d'ailleurs que ces albums maudits sont si peu évoqués dans le doc.
Après la sortie de « Dada » en 83, sa femme entame une procédure de divorce et s'en va avec leur fille Calico sous le bras. A ce moment-là, Alice se rend compte qu'il est vraiment au fond du trou, à tous les niveaux. Il décide de revenir vers ses parents, qui le font hospitaliser. Et là, « miracle », il en ressort vivant et clean. Cooper affirme que c'est sa foi qui lui a permis de s'en sortir (« Dieu m'a sauvé ») et devient à partir de là un born again christian. No comment...
Alice a surtout compris qu'il fallait qu'il sépare le personnage d'Alice Cooper (qui ne s'exprime que sur scène et pas en dehors) de Vincent Furnier, sa vraie personnalité. Sinon il risquait de finir comme ces musiciens qu'il a côtoyés : Jim Morrison, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Keith Moon.
Et le documentaire s'arrête donc à sa résurrection scénique en 86, enfin sobre.

Certains fans regretteront peut-être que «  Super Duper Alice Cooper » ne contienne pas assez d'infos sur la carrière musicale du Coop. Pour cela, il vaut mieux se rabattre sur le DVD de l'excellent documentaire « Prime Cuts ». Mais ce n'est pas l'angle choisi par Dunn et McFadyen. Ils ont préféré se concentrer sur la vie d'Alice et les coulisses du Alice Cooper Group (d'ailleurs, certains propos de Dennis Dunaway et Neal Smith n'épargnent pas Cooper). Et même les fans les plus hardcore y apprendront beaucoup de choses. Notamment ce fameux passage où Alice avoue ENFIN avoir touché aux drogues dures, ce qu'il avait toujours nié jusqu'à présent (disant que son problème avait toujours été l'alcool).
On regrettera cependant l'absence de Michael Bruce (guitariste du ACG, avec le défunt Glen Buxton) de ce documentaire. La raison officielle est qu'ils ne sont pas arrivés à le joindre, Bruce étant apparemment un « nomade », sur lequel il est très difficile de mettre le grappin. Mouais, ils auraient pu AU MOINS le citer dans le doc. Ce n'est même pas le cas, ce qui est totalement irrespectueux.

Je regrette aussi que le documentaire soit un peu trop court (1h24) à mon goût. Surtout quand je vois certaines scènes coupées du DVD, qui auraient largement mérité de figurer dans le montage final. Notamment celles qui proposent des interviews de Dick Wagner et Kane Roberts (guitaristes qui ont accompagné Alice après le ACG).
A noter que les bonus du DVD contiennent aussi l'intégralité des interviews / reportages télé dont on voit des extraits dans le doc. Ainsi que de courtes interviews face caméra d'Alice, Dennis et Neal.

Ce superbe documentaire est en tout cas une très belle réussite. Il illustre bien cette première partie de carrière d'Alice Cooper. La seconde, de 86 à aujourd'hui, est moins dramatique, moins sulfureuse, c'est sans doute pour cela que les réalisateurs n'ont pas choisi de la traiter.
Et au delà de la grande qualité de la plupart des albums et des shows d'Alice dans cette seconde partie de carrière, force est de constater que sa sobriété et son regain de foi religieuse ont rendu le personnage d'Alice Cooper plus contrôlé, plus sage, plus moral. Alors que le Cooper de ses années de débauche (de 69 à 83) était véritablement frondeur, provoquant, imprévisible.
Mais bon, à l'arrivée, je préfère voir un Alice sobre, bon chrétien et qui joue au golf qu'un Alice... mort.





Rédigé par : Stéphane | Très Bon DVD/ | Nb de lectures : 14299




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Commentaire
SvartNjord
Membre enregistré
Posté le: 20/06/2014 à 13h16 - (112629)
"Mais bon, à l'arrivée, je préfère voir un Alice en bonne santé, chrétien et joueur de golf qu'un Alice... mort."

+1 Surtout qu il nous casse pas les couilles avec du proselytisme a la con. Sinon pour en revenir a la musique, j'ai grandis avec l'album killer qui est meconnu par rapport a son glorieux cadet et que je surecommande



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