Sachez tout d'abord que cet album est sorti en 2003. Ce qui donne une petite odeur de "périmé" à cette kronique. La faute ni à votre kronikeur ni à VS; comme vous le savez, les labels et les distributeurs font ce qu'ils veulent en terme de promo. Voilà, c'est dit. Auteur il y a deux ans d'un premier album mémorable, ces allemands reviennent avec la ferme intention de ne pas laisser refroidir un intérêt aussi immédiat que prometteur. Loin du progressif traditionnel, qu'il soit symphonique ou autre, le groupe propose une musique d'obédience néo-progressive puisqu'il faut bien "étiqueter" pour respecter la mode en vigueur. Cependant, ce néo prog là, n'a pas grand chose à voir avec les canons du genre dont les représentants patentés se retrouvent en majorité sur la scène britannique. Il se pourrait même que A.E soit l'inventeur d'un style propre à ses aspirations personnelles et sa vision particulière du rock qu'il soit progressif ou non, d'ailleurs. Une sorte de patchwork de genres parfaitement homogène et intelligent qu'il est difficile voire impossible de comparer ou d'approcher d'autres formations connues. Si cette situation ne vous convient pas et bien disons que l'on peut y entendre quelques similitudes avec le style d'ACT pour l'esprit et de Saga pour la forme. Sans oublier le chant qui lui est sensiblement identique à celui de Michael Sadler. Affirmation approximative et réductrice, vous voilà prévenus. Ceci dit, tous les éléments originaux que nous avions aimés dans le précédent album, Fields Of Names, sont à nouveau reconduits avec davantage de force et de conviction. La variété des ambiances et la qualité d'interprétation en sont les atouts majeurs. Tous les morceaux sont de véritables joyaux. Depuis le superbe titre d'ouverture A Clown's Tale et ses riffs orientaux, en passant par Fake The Right au beat funky entreprenant, le très progressif -au sens strict du terme- The Great Open, la ballade jazzy Too Much Toulouse qui clôt magnifiquement l'album, l'utilisation subtile du sax, de l'accordéon ou de la trompette. Sans tirer la couverture à soi, la prestation de chaque musicien est un régal de clarté et un ode au bien de la communauté. Même si les solos ciselés à l'or fin de Mathias Richter émergent du lot. Voilà une palette de sonorités susceptibles d'enthousiasmer le plus blasé des "musiphages" et de transcender les genres pour s'ouvrir à un large public. Mais là, je mesure la difficulté d'un tel vœu; le problème de l'étiquetage dont je parlais au début de cette kronike est sans aucun doute l'obstacle numéro un qui bride le développement légitime de toutes formations souhaitant étendre sa sphère d'influence. J'en appelle donc au bouche à oreille et aux bonnes volontés pour faire passer le message: écoutez Alia's Eye, vous ne le regretterez pas. De ce fait, A Different Point Of View est le titre le plus approprié pour un groupe et un album qui affiche haut et clair ses ambitions. La très belle pochette est à mettre au crédit de Mathias Noren dont j'ai déjà évoqué le talent précédemment pour Chrome Shift. Et encore une fois, félicitations au label DVS Records dont la devise s'affiche sans ambiguïté sur chaque nouvelle sortie: Music We Love For People We Like! CQFD -


Rédigé par : Karadok | 18/20 | Nb de lectures : 9659