ALGOMA - Reclaimed by the Forest (Deadbeat) - 21/01/2015 @ 07h43
Loin de tout, reculé à l’extrême nord d’une province canadienne, un trio se venge des frustrations de la vie et présente son premier opus Reclaimed by the Forest. Les textes, véritable cri du cœur, expriment la joie de vivre de gens heureux. Le patelin duquel ils viennent, la cité isolée de Sault Ste. Marie, est l’incarnation même de la ruralité recluse et oubliée. De petits boulots en petits boulots (rares sont les offres intéressantes sur le marché), glande et défonce pour combler le planning inoccupé, éloignement évident de tout centre pourvoyeur de folie et d’ambition, on joue du Métal pour éviter l’oisiveté. Le mètre de neige entassé dans les ruelles d’octobre à mai complète le sentiment angoissant de leur vie autarcique.

Les canadiens ont choisi de retranscrire ces états d’âme à travers un sludge lent et au déhanché velléitaire. La rythmique semble calquée sur le dynamisme de leur bourgade : nonchalante et désœuvrée, et finalement complètement sludge. La rythmique traînaille et s’étire sur de longs titres (4 morceaux entre 4 et 6 minutes, mais aussi 2 aux alentours de 10 minutes), brusquée par quelques accélérations de bon goût, assez rares, mais distrayantes et jouissives. Ces morceaux possèdent ce qu’il faut de fuzz, de suspens, de montée en puissance pour que les 2 chants puissent arriver au moment opportun tel un sauveur ; puis renforcer l’excitation chez l’auditeur. Le chant principal est martelé, au timbre un poil arraché, typique pour le style, et en retrait aussi. Je le trouve sincèrement convainquant, presque attachant. Même si sa déclamation engourdie (et qui me semble alcoolisée) apporte un rendu plus marmonné que chanté, les paroles sont compréhensibles et on ne peut plus authentiques. L’alternance de voix -qui rappelle Black Tusk, tant dans le fond que la forme- entre le timbre du coupeur du bois, majoritaire, et son pote le petit roquet révolté, apporte un dynamisme bien vu. Des interludes issues de films ouvrent plusieurs titres, et perpétuent ce plaisir que les metalleux ont de faire partager leurs influences cinématographiques. Peut-être ma seule légère déception est la motivation plan-plan de la basse qui se cache pour peu exister, et le son qui s’en dégage un peu trop poli. Répétitif, noisy, et aux paroles dépressives, Reclaimed by the Forest est appuyé par une prod’ artisanale, enregistré localement par le groupe lui-même, et à la qualité tout à fait acceptable.

AlgomA s’acquitte d’un premier effort souvent captivant, qui assurément respecte l’héritage et les idées premières du style pour un sludge authentique. Une bonne douzaine d’écoutes lors des premières 48 heures m’ont confirmé le potentiel addictif de cet opus, qui est une belle révélation sortie tout droit du minuscule label indépendant malaysien Deadbeat Media. Le trio a saisi l’essence même du sludge, qu’il sait construire et faire raisonner pour 6 morceaux déjà matures. Très organique et relativement crado, les canadiens signent une (petite) baffe en cette fin d’année pour un premier album sans artifice et de bonne facture.





Rédigé par : Bras Cassé | 16/20 | Nb de lectures : 9915




Auteur
Commentaire
Mogtesquieu
Membre enregistré
Posté le: 24/01/2015 à 23h14 - (115510)
Une très belle découverte
merci pour la chronique !



Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion






Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site

Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs. S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos

Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker