Alestorm est incontestablement l’une des valeurs montantes du genre. Après un Captain Morgan’s Revenge remarqué l’an passé, nos pirates des temps modernes repartent à l’abordage en 2009. Afin de battre le fer tant qu’il est encore chaud, Black Sails At Midnight reprend exactement à l’endroit où son prédécesseur s’était arrêté, tout en proposant un résultat plus abouti. Avec un concept, la piraterie, directement hérité de Running Wild et une musique idéale pour animer vos soirées arrosées, le groupe écossais ne propose pas de véritable surprise mais confirme la bonne impression laissée par son premier opus.

Puisant à la fois dans un power metal tout ce qu’il y a de plus classique et dans un folk metal épique et entraînant, les écossais ont semble-t’il trouvé la formule musicale qui leur convient. Sans dévier d’un iota de la recette qui les a fait connaître, le groupe affiche néanmoins une progression incontestable. Plus puissante, plus maîtrisée et mieux produite, la musique d’Alestorm a aussi gagné en efficacité comme le prouvent des titres tels que « The Quest », « That Famous Ol’ Spiced », ou encore « Keelhauled », véritable hymne en puissance. Truffé de titres speed et accrocheurs (le rageur « Black Sails At Midnight » ne devrait pas faire de survivants), mais aussi de titres plus foncièrement folk (l’instrumental « No Quarter », très inspiré de la BO de Pirates Des Caraïbes), Black Sails At Midnight est un album immédiat et facilement accessible. Notons par ailleurs l’utilisation de véritables instruments comme des cuivres ou des cornemuses en lieu et place des parties de clavier, toujours présentes, mais parfois un peu trop kitsch. Si l’on ajoute à ces éléments, cet univers « Pirate Metal » qui joue grandement en faveur de la renommée du groupe, Alestorm apparaît comme un combo atypique.

Si l’on peut dans un premier temps émettre quelques réserves quant au chant parfois mal maîtrisé de Christopher Bowes (le titre « To The End Of Our Days », plus calme, est allègrement massacré), il faut quand même avouer que sa façon de chanter, crue et imprécise, colle sacrément bien au groupe, surtout sur les titres les plus agressifs. Que l’on apprécie ou pas le timbre du bonhomme, il ne fait aucun doute que sa voix de vieux loup de mer éméché est une des particularités d’Alestorm. Elle est en tout cas soutenue sur la plupart des refrains par des chœurs fédérateurs bien sentis (« Leviathan »). Sans être musicalement au-dessus du lot, Alestorm compense son niveau technique moyen par une étonnante capacité à créer des hymnes instantanément mémorisables. On regrette néanmoins quelques longueurs en deuxième partie d’album (« Pirate Song » et « Chronicles Of Vengeance » ne sont pas vraiment appelés à devenir des classiques…). L’album se termine heureusement sur une note bien plus fun avec « Wolves Of The Sea », cette reprise détonante de l’insupportable groupe letton Pirates Of The Sea, qui avait représenté son pays à l’Eurovision 2008 avec cette chanson.

Vaste blague pour certains, groupe prometteur pour d’autres, Alestorm ne laisse pas indifférent. S’il est indéniable que l’imagerie pirate et tout le folklore développé autour du groupe sont pour beaucoup dans l’attention que peut lui porter le public, il serait injuste de réduire les écossais à cela. Ce Black Sails At Midnight, sans véritable prise de risque, marque assurément une étape importante dans la carrière de la formation. Reste quand même à savoir comment va évoluer Alestorm sans finir par lasser, car sa marge de manœuvre, dans ce style, reste très limitée. Quoi qu’il en soit moussaillons, savourez pour le moment cette nouvelle galette festive à souhait. True Scottish Pirate Metal !



Rédigé par : up the irons | 14/20 | Nb de lectures : 10716