Ah, le Metal, ses nombreux styles et la nécessité de mettre chaque groupe dans sa petite case avec son étiquette précise… L’exemple d’Alchera n’est pas inintéressant, puisque les Allemands, que ce soit via leur label ou leur page Facebook, se présentent comme un groupe de Death Metal. Mais surprise, à l’écoute des premières notes d’« Era », on se demande bien où sont passés Cannibal Corpse, Obituary et autres Necrophagist. Les Teutons donnent en effet davantage dans un Black teinté d’influences Heavy, Death, et même un peu Pagan. Alors, juste une erreur d’étiquetage musical ou volonté du groupe de se détacher purement et simplement de la scène Black en se déclarant « Death » ?

Une fois passée la surprise de la grossière erreur d’étiquetage du groupe, « Era » se révèle dès les premières écoutes un album assez inégal. Si certains titres, ou parties de morceaux, sur lesquels nous reviendrons un peu plus loin, sont très plaisants et intéressants, d’une façon globale, la galette est assez plate et monotone. A qui la faute ? Déjà, à la production du disque, qui manque un peu de relief. Egalement à la voix du chanteur, qui, bien qu’elle corresponde tout à fait au style, manque généralement de variété. En dehors de quelques exceptions, les riffs ont également tendance à se ressembler et à confirmer cette impression de tourner en rond et d’écouter plus ou moins en boucle le même titre. La batterie, quant à elle, est très carrée. Le gaillard maîtrise clairement sa double pédale, mais là encore, les plans se répètent un peu. La somme de tout cela donne des pistes à l’image d’« In Darkness » ou de « Beginning Of Days », qui, même si elles sont très loin d’être inaudibles ou mauvaises, ne se révèlent pas d’un intérêt fou.

Bon, tout cela donne une impression très négative d’« Era », mais soyons justes, le disque d’Alchera contient tout de même des passages très bien fichus. On accroche par exemple à un « Ghul » aux riffs très accrocheurs, sur lequel le chanteur affiche des variations vocales fort appréciables. « Ulfhednar » et son intro plus calme proposent une sympathique petite interlude, où vient se greffer un Marc Prangenberg qui s’écorche ouvertement les cordes vocales. Citons également le puissant « Elysiums Asche » et les très bons riffs de ses couplets, ainsi que le plus rapide et très efficace « Fraass ». La toute dernière piste d’« Era », « Bauchfleisch », mérite également une mention spéciale, puisqu’il s’agit d’un concentré de violence en seulement quelques secondes. Les Allemands se seraient-ils inspirés du célèbre « You Suffer » des Anglais de Napalm Death (qui, soit dit en passant, détient toujours le record mondial du morceau le plus court, avec 1.316 secondes…) ? Ces quelques titres prouvent qu’Alchera a du potentiel, peut écrire des morceaux pleins d’intérêt qui sortent du lot, et mérite donc une note correcte.

En somme, « Era » n’est pas désagréable à écouter, mais il est loin d’être transcendant. Ca tourne vite en rond, et il est évident que la galette d’Alchera ne fait pas partie des disques que l’on écoutera en boucle en headbanguant dessus avec plaisir. Heureusement pour les Teutons, quelques morceaux se révèlent bien ficelés, on retiendra donc le nom du groupe, afin de vérifier si les Allemands pondront la prochaine fois un disque uniquement composé de remplissages ou de pépites comme les titres précités.


Rédigé par : Aris3Again | 12/20 | Nb de lectures : 12429