Alcest est le projet solo et très personnel de Neige, acteur plutôt connu dans le petit monde du black metal underground. Le groupe, formé en 1999, sort sa première démo (Tristesse Hivernale) sur cassette en 1999. Il s’agit alors d’un black metal assez classique, très raw (notamment à cause du son, crade de rigueur), mais plutôt bien inspiré. Suit en 2005 un EP (Le Secret) d’une toute autre teneur. La production est bonne, la musique est beaucoup plus mélodique, et surtout empreinte d’une mélancolie poussée. Mais cet EP évolue toujours dans le black metal. 2 ans passent, et voici enfin le premier album. Mais autant prévenir tout de suite et refroidir les ardeurs de certains. Si vous attendiez d’Alcest un retour à Tristesse Hivernale, c’est raté. La signature chez Prophecy Productions donnait quelques indices, on pouvait s’attendre à quelque chose de particulier, d’original car Prophecy est, rappelons-le, le label de feu-Empyrium, The Vision Bleak, Antimatter, Dornenreich, etc. L’album est dans la continuité de Le Secret, tout en incluant de nouvelles idées, faisant sonner l’ensemble de manière unique. Les morceaux y sont moins longs (6 morceaux pour 41 minutes sur l’album, contre 2 morceaux pour 27 minutes). Cela permet à l’auditoire de moins se perdre, voire de ne pas éprouver de sentiment de lassitude (pour ceux qui n’aiment pas les longs morceaux). La mélancolie et la nostalgie sont une nouvelle fois de mise, quoique beaucoup plus exacerbée, notamment par le biais de longs passages à la guitare sèche et au clavier. Le chant n’est plus du tout black metal, mais totalement chanté en voix clair, Neige se faisant épaulé par une naïade sur quelques titres. La musique est privilégiée, en témoignent de longs passages sans le moindre chant. Neige s’occupe de tous les instruments ainsi que de l’enregistrement, et le moins qu’on puisse dire c’est que le son est très bon. La production est plutôt claire, même si l’accent est clairement mis sur les guitares, véritable moyen, avec le chant, de faire passer la nostalgie et la tristesse à l’auditeur. Les morceaux se ressemblent, sans pour autant provoquer l’ennui. Seul le dernier morceau rompt avec le reste de l’album. Plus « enjoué », se reposant beaucoup sur les percussions, presque world music, il annonce peut être la direction du second album.

Souvenir d’un autre monde est le parfait prolongement de l’EP précédent, allant encore plus loin dans l’exploration des sentiments tristes de l’être humain. C’est là qu’on voit que Alcest est le bébé de Neige, qui lui donne la direction qu’il veut, et tant le résultat est éloigné de ses autres groupes. Et cet exercice est particulièrement bien accompli, puisqu’il est arrivé à proposer un excellent album, à la croisée du black metal et du rock indé. Les morceaux proposés sur la page myspace du groupe sont représentatifs de l’album.
A noter également la réédition cet hiver de Tristesse Hivernale, sous la forme d’un split avec la démo de l’excellent groupe français Angmar sur le label allemand Northern Silence Productions.




Rédigé par : Kryde | 16/20 | Nb de lectures : 13973