“A-L-C-A-T-R-A-Z, Fuck You!” Voilà les présentations sont faites et on sait à quoi s’attendre avec le groupe : de la politesse et du savoir vivre. Tout comme leurs petits camarades des Folsom ou Rykers , ALCATRAZ, qui nous vient de San Francisco, tire son patronyme de la célèbre prison, chose apparemment courante aux Etats Unis. D’ailleurs on attend toujours qu’un groupe hardcore français, qui font tous comme les Américains, choisisse La Santé comme nom. Bref, ALCATRAZ ne vient pas pour rigoler avec son SFHC, surtout que les loulous sont de bons amis des affreux Xibalba. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup. Avec « Smilie Now, Cry Later », le groupe livre ce qui sera sans aucun doute, l’un des dix meilleurs disques hardcore de cette année. Voilà, je vous l’affirme comme ça d’entrée de jeu. Maintenant reste à expliquer pourquoi et c’est là que ça se complique.

Expliquer la différence entre un bon album de hardcore et un mauvais album de hardcore revient souvent à expliquer la différence entre un bon et un mauvais chasseur. Pour un amateur du genre c’est limpide, pour les autres, beaucoup moins. ALCATRAZ fait partie de ses bons albums instantanés. Dès la première écoute on sait qu’on tient du bon. Les riffs accrochent l’oreille, la voix coule de source, claire mais agressive et la section rythmique ferait mosher un myopathe. Tout ça, on le remarque dès la première écoute. Puis on l’écoute, on le réécoute et l’impression positive persiste. Encore et encore. Bon signe. On pense parfois à Terror ou à Madball, d’autres fois à Killing Time ou Backtrack avec une dose de 100 Demons ou de Death Threat. Mais toujours avec une petite particularité qui fait qu’ALCATRAZ est ALCATRAZ et pas un autre. Un son de basse hyper rondelet et sautillant qui fait groover chaque morceau comme aucun autre. Un sens du riff classique mais efficace porté un son old school mais moderne. Le type de son parfait pour ce genre de musique, ni trop metal, ni trop punk mais juste au milieu. Idéal pour faire ressortir le côté street du son des San-Franciscains. Puis on remarque aussi des ambiances chicanos, dans la voix du chanteur par exemple qui trahit quelques accents latinos.

ALCATRAZ connaît son hardcore sur le bout des doigts, tout dans cet album respire le respect et le classicisme. La jaquette noir et blanc ambiance « on vient de la rue t’as vu », les illustrations à l’ancienne qui en jettent grave, l’artwork est très réussi, les paroles qui, elles aussi, respirent la street attitude à des kilomètres à la ronde. « Smile Now, Cry Later » est typiquement le genre d’album de hardcore qui fait qu’on aime le hardcore. On retrouve tout ce qui fait les bases d’un grand album de hardcore mais sans vraiment savoir pourquoi celui-ci est meilleur qu’un autre. Parce que la musique est tout à la fois catchy et agressive ? Oui. Parce que le groupe est suffisamment crédible pour ne pas avoir à jouer les durs ? Oui aussi. Parce qu’en plus de faire du bon son, le groupe, pas bégueule, ajoute son premier EP à un album qui comptait déjà 14 titres ? Toujours oui. Parce que « Smile Now, Cry Later », malgré ses vingt titres n’est jamais chiant, ne fût-ce qu’une seule seconde ? Encore oui. Parce que les mecs du groupe ont un CV qui parle pour eux : d’anciens First Blood et actuels Set Your Goals. Toujours oui. Voilà pour toutes ses raisons, et tout un tas d’autres, ALCATRAZ signe le premier vrai très bon album hardcore de 2012. Du hardcore « pur » sans metal, ni death, ni expérimentations. Du hardcore à l’américaine pour les vrais gars de la rue, comme on le faisait il y a quinze ans. Maintenant cesse de lire cette piteuse chronique et va l’acheter, ce sera la meilleure chose que tu feras aujourd’hui.


Rédigé par : Seb On Fire | 16/20 | Nb de lectures : 12696