Voilà trois ans que Bob et Matt, qui n’ont d’américain que le diminutif, décident au hasard d’une rencontre de se lancer dans une entreprise pour le moins ambitieuse : un concept album de black symphonique dont le thème central serait les sept péchés capitaux… Sur le papier, je n’aurai pas parié un centime à l’époque sur la viabilité du projet, ce qui eut été une grossière et impardonnable erreur ! « 7 » est en effet totalement à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre d’un tel projet, tant visuellement que d’un point de vue strictement musical.

Du black, ses deux géniteurs n’ont véritablement conservé que les hurlements de damné, qui rappellent de temps à autres les couinements hystériques du Dani Filth de la grande époque (celui des trois premiers albums j’entends), et une noirceur romantique (pour ne pas dire gothique) qui ne vire cependant jamais au malsain. En cela, je ne peux m’empêcher de rapprocher l’album du premier FURIA, « A La Quête Du Passé », qui réussissait lui aussi l’alchimie parfaite entre extrême, heavy metal et éléments symphoniques. Heavy Metal ? Oui, farpaitement ! Une fois encore, il est évident que Matt et Bob ont été nourris aux riffs de la Vierge de Fer, tout au moins Matt qui est responsable de l’écriture des morceaux, Bob s’étant chargé de la mise en paroles. Ainsi, le riff d’ouverture de « La Luxure », qui renvoie directement à « Powerslave », ou les chorus de guitares de « La Colère » et de « La Paresse », pour ne citer qu’eux.

Chaque chapitre, d’une durée identique de sept minutes, a pour thème un péché capital et accueille un guitariste soliste différent, auquel AKROMA a laissé toute latitude pour interpréter le titre. Force du concept ou volonté des intervenants de construire une œuvre homogène, on ne remarque pourtant pas de rupture marquante dans les solos, ce qui donne une réelle impression d’unité malgré la diversité des styles abordés au cours de ces chansons. Même les chants féminins ne semblent à aucun moment opportunistes, allant même le plus souvent jusqu’à constituer le point d’orgue des morceaux en y apportant une dimension émotionnelle que ni les claviers (très présents), ni les mélodies de guitare ne parviendraient à atteindre.

L’un des rares points faibles de « 7 » pourrait être le chant en français, qui on le sait est rédhibitoire pour une bonne partie du public métal (moi le premier). Il suffit cependant de quelques minutes seulement pour se rendre compte qu’on oublie bien vite la langue choisie, les textes n’étant d’une part pas toujours compréhensibles (il faudra avoir recours au livret pour en savoir plus), mais étant d’autre part très bien écrits, donc agréables à écouter… et ce, d’autant plus qu’une dame à la voix envoûtante vous les chantonne d’une voix plaintive à l’oreille (« L’envie », « L’avarice »).

AKROMA a réussit là où il aurait pu très facilement être pitoyable, comme il arrive que ce soit le cas quand un groupe s’attaque sans les bonnes armes à l’écriture d’un concept album. Sans aller jusqu’à le conseiller au fans de hard rock (et encore), je le recommande vivement aux fans de métal au sens le plus large du terme, « 7 » empruntant tellement de voies différentes que chacun pourra y trouver son compte.


Rédigé par : Dungorpat | 16,5/20 | Nb de lectures : 12612