L'attente de ce nouvel album des déjantés anglais fut longue, pressé que je suis de m'enfourner leur génie dans ma platine. Akercocke mérite depuis longtemps de sortir du quasi anonymat dans lequel le groupe est (angle)terré et dont il ne sort qu'au gré du bouche à oreille. Les albums du groupe sont autant de perles personnelles, mettant toujours la barre plus haut dans leur univers musical.
En attendant la lumière, le groupe poursuit ses sorties régulières d'album, "Words that go unspoken, Deeds that go undone" étant le quatrième déjà. Le départ de Martin Bonsoir a-t-il secoué le microcosme musical du groupe ? Que nenni.
Ont-ils réussi à surpasser le très bon "Choronzon" sorti en 2003 ?
Il est temps de se faire une idée...

Et dès le premier titre, le ton est donné. Matt Wilcock pose la question de son chant clair si particulier "Do you recognize me ?". Oh que oui. "Words..." est dans la parfaite continuité de "Choronzon", à savoir un mélange assez improbable de parties death, limite rock et que sais-je encore, porté par des voix du grind porcin, death au chant clair.
Si Akercocke est définitivement métal, sa musique est trop riche pour souffrir d'une description en quelques mots. Si j'osais, je comparerais la démarche du groupe à un ancien Opeth, désireux d'appartenir à la grande famille extrême mais ne pouvant s'empêcher de développer toutes ses idées non conformistes au long de plages qui ne reviennent jamais sur leurs riffs. Au même titre que les suédois, la démarche des anglais est de nous conter une histoire, loin des couplets/refrains/pont habituels. Heureusement, il y a un extrait. Et là, je suis sauvé et je vais m'épargner une vaine logorrhée pour vous motiver à tenter une écoute. Un p'tit effort et buvez ce "Verdelet" jusqu'à la lie...

Basse ronflante, guitares saturées sourdes, solos lumineux. Le groupe garde sa recette sonore dans un album plus homogène que ses prédécesseurs. Le grain de folie est là mais plus contrôlé et forcément moins surprenant. Akercocke n'a pas remis en cause sa recette pour ce quatrième opus, ce qui est peut-être dommageable.
Peu importe, le groupe est déjà suffisamment démarqué, rejeton de cette partie bien secouée de la scène anglaise. Et si le style est inchangé, c'est toujours le même bonheur de se laisser porter par ces rythmiques.
Elles n'ont rien de révolutionnaires, de tarabiscotées, non non. Mais tout simplement, les riffs s'enchaînent avec mélodie et justesse. Chaque morceau est une pièce distincte, un petit bout du gros talent d'Akercocke.
Ah merde, je le trouve bon cet opus, blindé de compos imparables réalisées avec technicité.

Si vous ne connaissez pas l'univers visuel du combo, je ne peux que vous conseiller une visite sur le site du groupe et un visionnage du clip de "Leviathan" tiré du précédent album "Choronzon". Vous y découvrirez l'image si particulière du groupe : ce dandysme sataniste, amateur de messes noires orgiaques, qui lui sied si bien.
Le seul bémol de "Words..." est l'absence de nichons sur la pochette. Mais le groupe rattrape cette légère panne sexuelle avec les petits dessins du livret, pour le plus grand bonheur des féministes de tout poil. A noter qu'une édition limitée de l'album comporte un DVD d'interviews du groupe, qui suit l'enregistrement de "Words..." mais qui est d'un intérêt plus que relatif. Oublions ce bonus petit budget...

Il est grand temps de goûter aux plaisirs de cette nouvelle offrande, féerie satanique de cette fin d'année.
A défaut de voir bientôt leurs costumes sur une scène française, ne boudons pas un album de ce calibre.




Rédigé par : Prince de Lu | 16,5/20 | Nb de lectures : 14030