Après des débuts prometteurs et assez ravageurs, les Finlandais d'Ajattara ont bien compris qu'ils commençaient à tourner en rond (ou quelqu'un leur a dit, ce qui revient au même). "Itse" (2001), "Kuolema" (2003) et "Tyhjyys" (2004) proposaient un métal noir et lourd, dont la simplicité n'escamotait pas une efficacité certaine. Mais au bout de trois albums, la bande de Pasi Koskinen commençait à avoir des relents de Khold finlandais. Et puis, après de fausses rumeurs sur un éventuel split, Ajattara a changé de voie, s'engageant avec "Äpäre" dans du plus mélodique et accessible. Seuls les vocaux crachés en finnois et le son gras des guitares restent à bord du véhicule lors du virage que négocie le combo d'Helsinki, s'éloignant de ce qui le rattachait au black et à des ambiances funèbres.

A peine un an après son prédécesseur, "Kalmanto" débarque sur les platines. On peut dire que cet album porte bien son nom tellement sa puissance équivaut au clapotis de l'écume sur le flanc d'un porte-avions américain. Ajattara a perdu sa hargne pour bifurquer vers un métal aux atmosphères pseudo-dark, flirtant parfois avec le sautillant. A ma grande surprise, le quintet semble presque s'adonner à du néo par moments, ayant des sonorités proches de Korn d'entrée de jeu (la basse qui claque m'y fait bien penser). Cette impression est renforcée par le chant clair tout plat et les deux riffs qui tournent en boucle d'un morceau comme "…Putoan" (non, ils ne sont pas Marseillais). Bref, ça fait mal aux fesses d'entendre Ajattara s'adonner avec une telle mollesse à des compos bien peu inspirées.

Pour varier les plaisirs et étoffer un propos très mince, le groupe tente des intros arabisantes avec "Turhuuden takila" et "Madot" (non, je ne me marie pas). Dommage d'ajouter dans ce dernier, après ce début qui accroche enfin, une scie musicale digne de la BO de "Mars Attacks". L'ajout du thème faiblard de violon dans "Naimalaulu" est fort puéril aussi. Il serait peut-être bon pour le groupe de noyer discrètement son synthé dans un des nombreux lacs à leur disposition. Si j'ajoute une outro éponyme moche, les 36 minutes de ce "Kalmanto" ne m'auront pas convaincu un seul instant. Heureusement qu'il reste les vocaux en finnois tellement le reste est vide d'intérêt. Au moins, ce cinquième opus a l'avantage d'une durée limitée, les neuf titres étant bouclé entre trois et cinq minutes. Je vais m'arranger pour être en vacances aux Maldives lors de la sortie de leur prochain album.


Rédigé par : Prince de Lu | 08/20 | Nb de lectures : 11187