Aina n'est pas un groupe à proprement parler et « Days of Rising Doom » n'est pas un simple album de métal. Sous ce pseudonyme se cache un collectif de mercenaires de la scène métal qui se sont réunis pour donner naissance à un véritable opéra métal (c'est marqué sur la pochette pour ceux qui seraient sceptiques). Pour les amateurs du style la chronique pourrait s’arrêter là, les termes opéra métal synthétisant à merveille le contenu du disque. Pour les autres il faut rappeler qu'initié par le Ayreon d'Arjen Lucassen ce type de produit s'est multiplié ces derniers temps: Star One d'Arjen Lucasen également, Avantasia I et II de Tobias Sammet, Infinity de Beto Vasquez etc.... Aujourd'hui c'est le producteur Sascha Paeth qui a réuni un casting de rêve pour une épopée fantastique qui surfe à sa façon sur la déferlante « Le seigneur des anneaux ».
Sans grande surprise (et donc sans innovation majeure par rapport aux projets cités précédemment) Aina arrive à s'imposer sur la scène en développant sur 15 titres un conte d'héroic fantasy. Pour schématiser: tout le monde vit heureux jusqu'à ce que le mal pointe le bout de son nez ... et c'est parti pour l'éternelle lutte manichéenne entre le bien et le mal. Fermons les yeux sur le côté bateau du concept et penchons nous sur la musique. Le sieur Paeth n'a pas lésiné sur les moyens pour mener à bien son projet, aux côtés d'un noyau dur constitué « des créateurs », j’ai nommé : Sascha Paeth (himself), R.H.Rizzo, Amanda Sommerville et Miro ; de nombreux invités sont venus mettre à disposition leurs capacités techniques ou vocales, citons entre autres: Jens Johansson, Derek Sherinian,T M stevens, Marko Hietala, Andre Matos, Glenn Hughes, Michael Kiske pour les garçons et Simone Simons ou Candice Night pour les filles, bref la liste et longue. Outre ces personnalités plus ou moins connues l'indispensable orchestre symphonique est également de la partie avec même un choeur de p'tits n'enfants qui apporte un soupçon d 'émotions supplémentaires avec leurs voix angéliques.
Le résultat est donc une fresque musicale de presque 75 minutes qui en impose au niveau de la mise en place et de l'interprétation mais qui n'est pas encore le chef d'œuvre immortel que l'on attend toujours dans le genre (même si très bien). Aina privilégie le côté métal de sa musique, la double grosse caisse et les riffs issus de l'école germanique forment l'ossature des morceaux sur laquelle viendront se greffer les éléments typiquement symphoniques comme les choeurs et les parties d'instruments à cordes. La section métal est donc celle qui mène la danse et qui saute aux oreilles surtout lorsqu’on y associe des refrains bien accrocheurs « Flight of Torek »ou « The Beast Within ». Notons toutefois la présence de touches plus progressives rendant la chose plus subtile que du pur heavy teutonique. Les travaux d'orchestrations sont là en accompagnement et ne passent que rarement au premier plan comme c'est le cas sur les ballades « Silver Maiden » ou « Serendipity » par exemple, moments d'accalmie bienvenus au milieu des cavalcades rythmiques métalliques. Comme on est dans le calme je vous conseille de jeter une oreille sur le splendide duo Hughes/Matos de « Talon’s Last Hope ». En sus, on peut trouver de ci de là dans ces plages plus sereines quelques pointes de folklores représentant les différents lieu ou évoluent les personnages (mélodies orientales de « Lalae Amer »), sorte de voyage culturel au milieu du concept. Tout au long de l'album on se régale des interventions des différents invités comme les soli de synthé de J. Johansson sur « Revelations » et de Derek sur « The siege of Aina » pour ne citer qu’eux, là aussi une liste exhaustive des compétences techniques des participants serait inutile. Grosse production axée sur de belles mélodies les fans d'Avantasia sont directement visés. C'est carré, mélodique, super bien produit mais trop calculé à mon goût et manquant de spontanéité. Difficile également de détacher un morceau des autres, cela a moins le mérite de donner un tout homogène.
Comme les fans sont exigeants, l'album sort dans une version digibook assez luxueuse avec un cd bonus et un dvd. Le cd bonus présente des versions légèrement différentes des morceaux présents sur le cd 1, entre versions demo et versions single le choix est vaste. Le morceau le plus intéressant étant à mon sens le premier titre de plus de 13 minutes ou l'on ne trouve que l'orchestre qui reprend à la sauce symphonique les meilleurs passages du cd 1. Le dvd est pour sa part un petit plus qui permet de se familiariser avec le concept, de voir le making of et de visionner un clip en images de synthèses. Un petit mot sur le livret conséquent qui accompagne l'ensemble; très bien présenté ce dernier comporte de très belles illustrations sur une trentaine de pages, les photos de tout ce petit monde et le détail du concept.
Au fait, à la fin de l’histoire il y a marqué « to be continued » à bon entendeur...



Rédigé par : dark tranquilou | 15.5/20 | Nb de lectures : 8348