AHAB - The divinity Of Oceans (Napalm/Season Of Mist) - 28/08/2009 @ 09h19
Le 20 novembre 1820, le baleinier Essex fit naufrage au large des Galapagos à la suite d'une collision avec un monstrueux cachalot. Les survivants se réfugièrent sur des embarcations de fortune pour tenter de rejoindre les côtes sud-américaines à travers le Pacifique. Malgré la proximité de l'archipel des Marquises, les officiers se tinrent scrupuleusement à distance de ces îles réputées abriter des tribus anthropophages. Comble de l'ironie, Les rares rescapés qui réussirent l'interminable traversée n'eurent d'autre choix que de recourir progressivement au cannibalisme.

C'est sur ce sombre récit, tel que consigné par Nathaniel Philbrick dans son essai « In the heart of the sea » d'après le témoignage d'un survivant, Owen Chase, que AHAB tisse la trame de son nouvel album. Un album-concept donc qui clôt la Saga de Nantucket (port d'attache du Pequod, le navire du capitaine Ahab et ville natale des officiers de l'Essex) initié en 2005 avec le EP "The" Oath et poursuivi en 2007 avec "The call of the wretched sea".

L'ombre de Herman Melville plane à nouveau sur ce dernier volume de la saga puisque la tragédie de l'Essex constitue l'inspiration principale de son futur Moby Dick. C'est donc naturellement que les thèmes principaux de son œuvre trouvent place dans la musique de AHAB, sondant les profondeurs de l'esprit humain sur fond de nature primitive et attribuant aux forces de l'océan une nature divine.

Côté musique on a affaire à du funeral doom de très bonne facture ; les sept titres de l'album composent une trame dense et cohérente invitant à une incursion au cœur des gouffres marins. L'appellation Nautic funeral doom, si elle peut prêter à sourire, n'est pas usurpée tant le son des Allemands propose des rappels à l'élément aquatique ; des guitares dont la texture assourdie est privilégiée à la suite mélodique, au chant, tour à tour grondements de kraken ou éclats limpides sortis des conques des tritons. Liquide et pénétrant.

Bien sûr on pourrait reprocher au groupe son approche minimaliste de la composition, mais n'est-ce pas là précisément que se situe leur grande force? D'une pesanteur démesurée, les morceaux enchaînent rythmiques monolithiques et mélodies sépulcrales au détour de séries d'arpèges comme suspendues dans la désolation d'un horizon sans terre.

Funéraire, la tonalité générale l'est résolument. Car c'est bien de terreur et de souffrance qu'il s'agit ici, celle des matelots du baleinier qui tentent de s'opposer aux forces inexorables de l'univers. Dès lors, la vie ne pourra surgir que de la mort ; de la même manière qu'Ismaël, le narrateur de Moby Dick, survit au naufrage final à bord d'un cercueil flottant, les marins de l'Essex ne trouvent leur salut qu'en se dévorant les uns les autres.
A cet égard le visuel de l'album, emprunté au Radeau de la Méduse de Géricault, est une illustration dans la pure veine romantique d'un épisode analogue de la marine royale de Louis XVIII.

Cette trilogie basée sur l'œuvre de Melville et ses origines bouclée de belle manière, la question se pose forcement de la suite des aventures de nos navigateurs du doom et de la pertinence de leur patronyme actuel au regard des futurs thèmes abordés. La réponse se trouve au large, ouvrez l'œil moussaillons.

En résumé, ceux qui avaient apprécié "The call of the wretched sea" devraient être partants pour un nouveau périple sur le navire du capitaine. Pas de changements majeurs pour une formation qui ancre son style dans un doom massif, imperméable aux tentations ambiant ou plus atmosphériques.
Pas de stagnation non plus ; le processus d'écriture s'est affiné considérablement jusqu'à proposer un langage tout en nuances soucieux d'inviter l'auditeur à un déchiffrement minutieux de leurs impressions, de leurs sens... vers quels rivages AHAB va-t-il vous conduire?

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Rédigé par : #Guillaume# | 15.5/20 | Nb de lectures : 11697




Auteur
Commentaire
plost
Membre enregistré
Posté le: 28/08/2009 à 09h42 - (74546)
J'aime beaucoup ce groupe qui développe un univers original, et un doom/death de haute volée.

J'ai eu un peu plus de mal à rentrer dedans par rapport au premier album. Mais, que c'est bon une fois maitrisée la bête.

Un grand nom du doom est en train de naître.

TimmyC
Membre enregistré
Posté le: 28/08/2009 à 09h56 - (74547)
Que c'est bon du Doom comme cela, c'est grand, c'est beau, ennivrant.
Peu etre un peu moins bon que "Call of...." mais pour moi c'est quand meme le meilleur sortit Funeral Doom de cette année.



poiu
IP:90.23.100.24
Invité
Posté le: 28/08/2009 à 15h22 - (74562)
Je pense plutôt que pour la meilleure sortie funeral doom metla, c'est du côté du magistral The June Frost de Mournful Congregation qu'il faille se tourner!

ennemi
IP:85.68.207.181
Invité
Posté le: 28/08/2009 à 15h51 - (74563)
Bonne chronique. L'album se détache un peu du premier, quand même, et peut paraitre moins "marin" de prim'abord, mais apres plusieurs écoutes, on remarque que les compos sont bien plus travaillées que dans COTWS. Un 17 pour ma part, aux vues des rares bonnes galettes de doom qui sont sorties cette année.

juj
Membre enregistré
Posté le: 28/08/2009 à 19h39 - (74569)
moins téléphoné marin, oui, plus en ... profondeur huhu



drunkazfuk
Membre enregistré
Posté le: 11/03/2010 à 16h19 - (81665)
putain d'album.



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