Vous êtes-vous déjà demandé quel style musical joueraient les baleines si elles en étaient capables ? Sauf si vous consommez des substances illicites j'imagine que comme moi vous ne vous étiez jamais posé cette question saugrenue et pourtant sans même que vous ne le demandiez, AHAB va vous apporter la réponse: les baleines joueraient du funeral doom. Après écoute de ce "The call of the wretched sea", cela apparaît vraiment comme une évidence. Mais quel est le rapport entre une baleine et l'album d'un obscur groupe de doom metal allez-vous me demander. Le concept, tout simplement. Ceux qui se sont déjà familiers avec l’œuvre d'Herman Melville auront reconnu en AHAB le nom du capitaine (Achab dans la version française) qui pourchasse Moby Dick sur le Péquod, son baleinier. Alors, bien sûr, ils ne sont pas les premiers à faire ça, MASTODON et son "Leviathan" les ont précédés.

AHAB, fasciné par ce classique de la littérature du XIXe siècle nous arrive de Esslingen où il existe depuis 2004. Deux démos sorties respectivement en 2004 et 2005 ont permis au groupe de susciter l'intérêt de Napalm Records avec qui un contrat a rapidement été signé débouchant sur ce premier album, "The call of the wretched sea". A l'instar de l’œuvre de Melville et de ses 800 pages, celle de AHAB est assez conséquente: en dehors de l'interlude "Of the monstrous pictures of whales" et de ses deux petites minutes, le reste des titres de l'album naviguent plutôt aux alentours des onze minutes. N'en déduisez pas pour autant que cette galette est indigeste, bien au contraire, dès la première écoute j'ai trouvé ce disque très intéressant, voire même captivant. Collant parfaitement à son concept, AHAB, propose un funeral doom certes on ne peut plus classique mais néanmoins des plus réussis notamment pour un premier album. La guitare, dont deux des postes sont occupés par Daniel Droste et Chris R. Hector, connus pour également faire partie du groupe norvégien MIDNATTSOL) occupe la place principale mais quelques intelligentes touches de synthés savamment placées viennent enrichir la musique. Des samples de voix et bien sûr de vagues viennent également renforcer le concept notamment sur le titre "The sermon". Le chant est principalement occupé par des growls bien profonds assez convaincants mais chant clair et chœurs sont également du voyage. Il suffit d'écouter les titres "The hunt" ou même "Old thunder" où les trois se côtoient avec brio pour s'en convaincre. La durée de chaque titre permet à AHAB de bien développer sa musique, chaque titre, tel un chapitre de l'histoire apporte son lot de riffs inspirés et de parties bien senties. Les tempos sont, vous vous en doutez, pachydermiques ou plutôt "cétacesques", serais-je tenté de dire mais on ne s'ennuie jamais une seule seconde en écoutant cet album (pour peu que l'on soit amateur de ce style de musique bien sûr, pour les autres je ne garantis rien...) qui sait tout de même accélérer le rythme un peu de temps à autres.

Préparez vos bagages, n'oubliez pas votre ciré, le voyage ne sera pas de tout repos mais il sera des plus captivants. A ranger sans problème aux côtés de SHAPE OF DESPAIR et autres MORGION.


Rédigé par : Sheb | 16.5/20 | Nb de lectures : 14499