Dans la série « les kros ksa fait un an kl’album est sorti », voici AGRYPNIE et son deuxième opus, « Exit ». Un groupe et un album qui auraient mérités plus que cette kro tardive dont la responsabilité en incombe totalement à votre serviteur… Ce n’est pourtant pas faute de l’avoir écouté et de l’avoir apprécié ce CD, mais à chaque fois qu’il fallait s’atteler à la rédaction des quelques lignes qui permettraient de le mettre en valeur dans ces pages, un blocage apparaissait.

Alors, essayons de réparer cette erreur, avec pour commencer quelques mots sur l’origine du groupe, qui n’était à ses débuts qu’un side-project de Torsten Hirsch, chanteur du groupe de black avant-gardiste NOCTE OBDUCTA, qui pouvait utiliser par ce biais les idées ne correspondant pas à son groupe principal. Après le split de ce dernier, AGRYPNIE est donc devenu un groupe à part entière dont le deuxième album voit même l’abandon de la batterie électronique au profit d’un véritable batteur et qui, musicalement parlant, est présenté comme en continuité avec ce que proposait NOCTE OBDUCTA.

Entièrement chanté en allemand, « Exit » est à la fois aventureux et conventionnel, complexe et accessible à la fois. Si « Mauern », le premier titre et également l’un des meilleurs de l’album, peut laisser penser qu’en fait de black avant-gardiste AGRYPNIE joue plus sur le terrain brutal de DAWN, les titres suivants nous feront passer par des ambiances plus posées (voire un poil monotones) et pas franchement black. C’est à partir de l’instrumental « 0545 » qu’on retrouve la même intensité qu’au début de l’album, même si c’est cette fois dans un registre non saturé, mélodique et envoûtant qu’on peut retrouver sur certaines compos de groupes comme SONIC YOUTH. Les onze minutes de « Fenster Zum Hof » confirmeront ce penchant pour à la fois le black direct, blasté et brutal et pour les passages calmes plus rock, mis en valeur par un jeu de batterie varié qui sait aussi bien faire parler la double que se faire discret quand c’est nécessaire.

Globalement mélodique, AGRYPNIE n’use de brutalité qu’avec parcimonie, privilégiant les atmosphères au déluge de blasts. Cela convient parfaitement quand l’inspiration est là, mais quelques titres ne sont pas indispensables et font traîner l’album en longueur, un point négatif qui sera certainement rédhibitoire pour certains, bien qu’« Exit » contienne assez de bonnes choses pour se passer de ces titres faibles. Le chant de Torsten, plutôt grave donc pas franchement black, s’accorde bien avec le son également plus métal que black des guitares. La production très propre peut donner une impression de froideur à l’ensemble mais une fois immergé dans l’album elle passe très bien et se révèle même un atout.

Les spécialistes trouveront peut-être à y redire, mais en tant qu’auditeur occasionnel de ce style de black metal, j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écoute d’« Exit » et continue d’en prendre. Sur la grosse heure que compte l’album, peu de choses sont finalement à jeter pour qui apprécie à la fois une franche brutalité, quelques moments puissants et rythmés et des atmosphères inhabituelles dans cet univers, évoquant les récemment réunis MY BLOODY VALENTINE.

Dernière Minute : un nouvel album est dans les starting blocks, il s'appelle "16[485]" et nous devrions avoir du son très bientôt!


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 10778