Le Brésil ne se résume pas à KRISIUN et SEPULTURA, fort heureusement. De nombreux autres groupes talentueux se cachent au pays des Favelas, mettant en exergue la qualité des brutes sud-américaines, qui cachent bien souvent derrière leurs longs cheveux et leurs opulentes poitrines des qualités indéniables.
Est-ce également le cas d’Agorhy ? Oui et non... Non, car les 4 gaillards d’Agorhy n’ont pas de longs cheveux ni de poitrines alléchantes. Et oui, car leur premier opus est relativement intéressant et percutant.

Formé en 1997, AGORHY a déjà sorti deux démos, en 2001 et 2003 ; ce Ruptura est donc leur premier album, paru via le soutien du prolifique label sud-américain ‘Humanos Mortos’, et comporte 8 nouveaux titres, les 11 autres titres de la rondelle étant en fait une réédition groupée de leurs deux démos. Plutôt appréciable, bien que la grosse heure de Ruptura soit un poil indigeste sur la durée.
AGORHY évolue dans un Death Grind coloré au Hard Core, et se veut donc avant tout porté sur l’efficacité et l’énergie. Et c’est là que le bât blesse parfois : la plupart des morceaux n’échappent pas à une certaine redondance et, plus contraignant, à un léger manque de punch.

Pourtant, les débuts de l’album sont plutôt fracassants et efficaces, avec des titres bien dynamiques, brutaux et néanmoins variés. Les riffs acérés et variés supportent des tempos agréablement grindés, alternant dévastation sonore, breaks et blast. Andrei Ramos, le hurleur, s’égosille dans des sphères purement Hardcore, avec un timbre de voix éraillé et hurlé en portugais. Quelques rares growls surgissent parfois, mais la quasi-exclusivité des aboiements aigus ne nuit pas aux compos, bien au contraire.
Malheureusement, les titres sont assez longs, entre 2 et 5 minutes, et perdent parfois en efficacité. Pourtant propices à la variation de rythmes, certains titres s’avèrent plus mous qu’hargneux. Un comble pour un groupe évoluant dans la frange Grind Death...

Heureusement pas avares en blast et en passages furieux, Ruptura possède son lot de brûlots bien rageurs, où l’efficacité du Grind se mêle intelligemment aux mid-tempos Death. Les chœurs de bûcherons et les ‘back vocals’ du guitariste déclamés sur un timbre plus aigus renforcent ce côté Hard Core pas dégueu du tout. La plupart des titres respectent le même schéma, et possèdent des entames de morceaux assez efficaces et percutants, faisant la part belle à la furie typiquement Grind. Puis les passages plus Death s’intercalent en milieu ou fin de morceau, faisant bien souvent retomber le soufflé. Non pas que ces breaks ou mid-tempos Death soient mauvais, mais ils sont trop lourds et longs pour maintenir l’auditeur en haleine. En fait, certains morceaux auraient peut-être gagnés à être raccourcis, afin d’accroitre leur dynamisme tout en conservant cette alternance ‘Grind/Death/HxC’ fort appréciable.

Légèrement trop Death pour les amateurs de Grind, et trop Grind pour les fans de Death, Ruptura a un peu le cul entre deux chaises. Non dénué d’intérêt et de qualités, ce premier album, s’il reste loin du haut du panier, présente un groupe tout de même fort intéressant et au potentiel plus qu’évident.
Evoquant parfois les Bayonnais d’INFEST, de part l’alternance de hurlements hardcorisés et de tempos Death Grind ultra-groovy, Agorhy peut se présenter comme un patchwork intéressant d’influences variées ; Situé au confluent des fleuves SEPULTURA (des débuts), BRUTAL TRUTH et CEREBRAL TURBULENCY, agrémenté d’un affluent nommé DYING FETUS, AGORHY n’est encore qu’un ru dont la turbidité est accentuée par un trop fort dosage de BRUJERIA, mais dont le débit ne gagne qu’à augmenter.
‘To Be Continued’, comme ils disent de l’autre côté de l’océan...


Rédigé par : ..::Ju::.. | 14/20 | Nb de lectures : 10126