Qui attendait encore quelque chose d’un nouvel album d’AGNOSTIC FRONT aujourd’hui en 2011? Pas grand monde, soyons honnêtes. Moi non plus je n’en attendais rien, j’avais perdu tout espoir dans la bande à Roger et comme beaucoup je me contentais des concerts du groupe, là où ils jouent leurs anciens classiques et excellents encore et toujours. D’ailleurs petit jeu amusant, essayez de se souvenir de quand date le dernier bon album du groupe ? « Another Voice ? » (trop metal), « Riot, Riot Upstart ? » (Mouais trop punk à mon goût), « Warriors ? » (lol). Plus simplement le dernier vrai bon album d’AGNOSTIC c’est « My Life, My Way ». Ben oui. J’y croyais pas trop, je l’ai acheté par réflexe « parce que c’est le nouveau AxF » et la surprise fut totale. Le groupe renoue avec la bonne formule mixant hardcore old school, new school, une touche punk, une touche Metal et l’esprit street. Le tout avec un bon son signé Erik Rutan/Freddy Cricien. Ni trop old school, ni trop moderne. Juste bien comme il faut. Si Roger Miret était un héros de notre enfance il serait Ikki, le Chevalier de Bronze du Phoenix. Comme lui, il a connu plusieurs fois l’Enfer (drogues, prisons,…) mais à chaque fois il a su revenir plus fort, plus résistant et meilleur.

Déjà, « My Life, My Way », le premier single promettait du lourd vu que c’était le meilleur titre produit par les New-Yorkais depuis facilement 10ans. Il s’impose d’ailleurs comme l’un des meilleurs morceaux de l’album, qui en compte une sacrée chiée. L’ouverture « City Streets » pose les bases. Punk, hardcore, old school, riffs putain de groovy et refrains à faire chialer n’importe quel fan de In Flames. Les refrains sont mélodiques, fédérateurs, ronge-crâne tout en restant foncièrement bad-ass. Du bonheur à reprendre en chœur. Ca promet du lourd pour les prochains concerts du groupe. Tout l’album est dans cette veine. La voix de Roger Miret n’a jamais aussi bien sonné, plus audible tout en conservant son timbre de crapaud des égouts de l’Eastside. AGNOSTIC FRONT a remis les choses à plat et s’est recentré sur lui-même. Merde, ces mecs faisaient du NYHC avant que le NYHC n’existe c’est donc aux petits nouveaux de s’inspirer d’eux et pas l’inverse. Ce n’est pas aux vieux singes… Stigma et Miret se sont sortis les doigts et sont revenus aux fondamentaux du groupe. Musique hardcore mais avec un esprit plus punk. Pas besoin de jouer les gros durs quand on est un gros dur. Résultat, des riffs à faire danser Stephen Hawking et des lignes vocales qui feraient retrouver la parole à une classe de muets.

Les anciens albums d’AGNOSTIC post-incarcération comptaient tous l’un ou l’autre tube surnageant au milieu d’un tas de titres moyens. Une fleur poussant sur un tas de fumier. Ici, non seulement il y a, au bas mot, cinq tubes et futurs classiques du groupe mais aucun titre n’est à jeter. On trouve bien l’un ou l’autre titre un peu faiblard mais c’est tout. Du premier titre jusqu’à « Until The Day I Die », le groupe fait un sans-faute, rien n’est à jeter. Et les hits s’enfilent comme des perles: « City Streets », « Us Against The World », « My Life, My Way », « Until The Day I Die ». Le Front rend même hommage à sa propre jeunesse avec un titre 100% oldschool, ultra speed et énervé, “That’s Life”, qui n’aurait pas dépareillé sur un des premiers albums du groupe. Le ton se fait parfois plus dur sur les très madballiens « More Than A Memory » et « A Mi Manera » featuring le Freddy, le frangin. Le groupe faiblit un petit poil en fin de parcours avec des titres moins efficaces ajoutant un petit bémol au skeud. C'est fort dommageable. La grosse force de cet album, outre ses riffs simples mais d’une efficacité à toute épreuve 100% Stigma, ses lignes de chant et ses refrains à reprendre en chœurs, c’est la rythmique infernale donnée par Pokey Mo. Derrière ses fûts, l’Asiatique emmène le rythme à bon train et sa frappe risque de briser quelques cervicales. Loin d’être démonstratif et d’enchaîner les roulements dans le vide, Pokey frappe dur, juste et avec un sens du groove mes aieux… aïe aïe aïe.

Même Stigma dont l'inspiration était cliniquement morte depuis au moins dix ans retrouve sa jeunesse et sort d'excellents riffs. On aura même droit à des solos précédés du légendaire « Stigmaaaaaaaaaaa » braillé par son comparse de toujours. L’arrivée de Joseph James à la seconde guitare lui a vraisemblablement fait énormément de bien. « The Godfather od Hardcore » est toujours dans la place.

Niveau lyrics, rien de neuf sous le soleil, Roger parle de ce qu’il connaît, New-York, le hardcore, la rue, les potes vivants ou disparus, la famille et tous les codes et valeurs qui vont avec. Mais il le fait mieux que jamais au travers d’un chant « éclairci » par la prod au poil (moderne juste ce qu’il faut, old school juste ce qu’il faut) du duo Cricien/Rutan et des paroles qui sonnent vrai et « real ». « My Life, My Way » est l’album de la résurrection pour le Front. En foot, on dit que les grandes équipes ne meurent jamais. Dans le hardcore c’est pareil et AGNOSTIC FRONT est une vraie grande équipe. « You’re too young to understand me. I’m too old to give a damn. But there’s something I can tell you. I’ve lived things you could not bare. »


Rédigé par : Seb On Fire | 16/20 | Nb de lectures : 13654