Certaines formations alignent les sorties jusqu’à provoquer l’overdose.
D’autres savent se faire désirer. C’est le cas d’Aghora qui a attendu sept longues années pour donner une suite à leur premier album éponyme favorablement accueilli malgré des défauts de jeunesse bien compréhensibles – notamment une impression d’incohérence globale. Rien de grave, c’est une caractéristique qui vaut pour la plupart des premiers albums. Formless son successeur, propulse d’emblée ses géniteurs au rang de valeur sûre.

Le line-up exceptionnel en est une première raison ; Sean Reinert à la batterie en studio, le bonhomme est connu pour avoir fondé avec l’autre Sean (Malone) le mythique groupe Cynic. Malone qui était du premier album n’est plus au générique de celui-ci. Alan Goldstein le remplace avantageusement. Santiago Dobles le guitariste est un virtuose né à Caracas au Vénézuela. A l’âge de 18 ans, il intègre le Berklee School Of Music. A sa sortie, il continue d’étudier la guitare sous la houlette de Paul Masvidal (Death / Cynic) avant d’intégrer Aghora. Le chant est confié à une dame, Diana Serra qui évolue dans un registre lyrique convenable eu égard au genre décliné succède à Danishta Rivero. Mais, attention, ce n’est pas Tarja Turunen ni même Lise Bouchard. C’est dirons-nous un chant plus accessible (mais monotone sur le durée) dans le style Anneke ou Den Aden. Voilà pour la distribution.

La variété, l’éclectisme des treize compositions (74min) en est une autre. Le métal prog proposé par Aghora est teinté de jazz, d’orientalisme (Lotus – Purification), de rythmes latinos, de métal pur jus, de furie dévastatrice propre au death technique et de phases plus apaisées mais tout aussi jubilatoires. Rien à voir donc avec la concurrence bien souvent enfermée dans des schémas conventionnels donc peu novateurs. Aghora allie technique, virtuosité et fraîcheur des compositions. Pas une ne souffre de faiblesses rédhibitoires. Mieux, elles se complètent harmonieusement et leur apogée est à n’en pas douter la pièce éponyme de 12 minutes. Véritable feu d’artifice et astucieux dosage de puissance et de finesse, instrumentation et exécution de très haute tenue, elle caractérise à elle seule le métal prog classieux d’une formation qui redonne du souffle à un genre qui peine à se renouveler.

Et il n’est pas impossible qu’en toute fin d’année, à l’heure du décompte, Formless ne soit considéré comme la bonne surprise métal prog, voire comme le meilleur parmi la foultitude des sorties d’albums de 2007.




Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 11113