Ce qui donne, en anglais, "Cases full of female blood and male sperm".
Oui, ces Tchèques donnent dans la poésie, n’est-ce pas ?
Et encore, vous n’avez pas vu les photos du livret, d’un bon goût douteux, alternant entre porno lesbien/scatophile, et petit quatre-heures bucolique dans la morgue du coin.
Des poètes, je vous dit !

Et pourtant, en dépit de ces clichés clichés (!), Aggressive Tyrants est un cador du style, sûrement méconnu des plus jeunes, mais vétérans parmi les anciens.
Formés en 1993, et adeptes d’un goregrind groovy, le trio sort ici... son second album ! En 18 ans de carrière, c’est pas un record, mais presque. Certes, leur discographie est fournie de bon nombre de démos. Et "Pøípady plné ženské krve a mužského spermatu" fait ainsi suite au premier opus du groupe, "2002", sorti en... 2002, normal. Dernier prodige, le line-up du groupe qui, mis à part un changement de bassiste, est resté identique depuis 93.

Et alors, est-ce que la durée de maturation est proportionnelle à la qualité de l’ogive ?
Ben, pas vraiment, en fait. Pas mauvais, mais pas transcendant, voilà en gros le résultat. Mais pas transcendant ne signifie pas inintéressant, néanmoins !
En lieu et place d’un Goregrind mou et spongieux, les Tyrans Agressifs évoluent dans une sorte de goregrind/core, éclaboussé de lambeaux de Death Metal. Et cela augmente ainsi sensiblement l’attrait de l’album.

En effet, si les vocaux, globalement gras et vomitifs, ainsi que les rythmes groovy et bien gras, évoquent un goregrind plaisant, d’autres titres sont plutôt variés, tant de par les riffs que les changements de rythmes.
Bâtis sur une dynamique groovy, les morceaux préservent ainsi une certaine capacité d’accroche, en grande partie grâce à quelques inspirations dignes d’un ROMPEPROP ou d’un TU CARNE. Quelques blastsbeats, un peu de violence, mais pas trop. Et associé avec les influences Death, sur certains breaks ou ralentissements, on obtient une assise rythmique tapant plus dans l’efficacité que la violence. Tout juste agrémenté de quelques accélérations disparates, évoquant le CEREBRAL TURBULENCY de la grande heure, les 13 morceaux de "Pøípady plné ženské krve a mužského spermatu" se veulent donc avant tout accrocheurs.
Qualité qui se meut néanmoins en défaut, car malgré une réelle variété, Aggressive Tyrants demeure au final figé dans une certaine redondance, la pénurie de pure violence s’avérant légèrement pénalisante.

Le constat sur les riffs est sensiblement le même. Tirant parti de son expérience et de ses influences, le guitariste alterne les riffs plutôt gore et les inspirations Death, le tout orné de quelques pointes de rugosité Grindcore. Variété plaisante, mais qui ne suffit pas à calfeutrer certaines lacunes créatrices.
Agrémenté de vocaux bourrus et là encore diversifiés, entre cris goregrind, hurlements plus aigus, et chant crié à la Cerebral Turbulency, les morceaux demeurent constant en qualité. Sans tutoyer des sommets de jouissance auditive, mais sans endormir non plus l’auditeur.

Mais, si ce "melting pot" Grind est intéressant, il perd malheureusement en efficacité, et en cohérence. Bon, ce n’est jamais très grave pour du Grind, tant que ça latte sévère et que ça défoule bien. Mais, justement, le défoulement et le lattage en règle ne sont pas vraiment présents. Ou en tout cas de façon disparate, pénalisant ainsi la qualité globale de l’album. "Pøípady plné ženské krve a mužského spermatu" contient des morceaux sympa, où goregrind et grindcore font bon ménage. Et d’autres morceaux beaucoup plus chiants, mous ou redondants, au choix.
Un album globalement plaisant, mais pas indispensable pour autant...


Rédigé par : ..::Ju::.. | 13/20 | Nb de lectures : 12354