Après tout, quoi qu’on en dise parfois, le traditionalisme a du bon. Parce qu’il permet d’entretenir à travers une méthode de composition qui a fait ses preuves une certaine forme de mémoire collective sans laquelle, année après année, des pages entières de l’histoire du métal sombreraient dans l’oubli. Ce devoir de mémoire, AFTER ALL l’accomplit avec une abnégation qui force le respect, comme en témoigne son nouvel album « This Violent Decline ». N’était-ce le son, parfait, répondant aux standards actuels (mix de Fredrik Nordström, mastering de Tue Madsen, deux des meilleurs ingés sons du moment), on pourrait en effet mettre sa main à couper qu’il sort tout droit de la seconde moitié des années 80, l’âge d’or du thrash.

A cette époque, les vocaux gutturaux ne sont pas encore très répandus ailleurs que dans cette frange extrême du thrash qui allait devenir le death metal, et la mode était encore aux gros riffs, rythmiques speed et chant viril mais mélodique. AFTER ALL suit en tous points les règles de l’époque, à tel point que les riff death qu’on peut entendre sur « Sacraments For The Damned » et « Blackest Moon » semblent presque incongrus la première fois ! Il ne faut cependant pas réduire les belges à une bande de nostalgiques bas du front, ils sont avant tout une équipe de thrasheurs qui savent de quoi ils parlent et qui ont dû bouffer du METALLICA et du TESTAMENT, voire du CHANNEL ZERO (la voix et le phrasé de Piet Focroul me font beaucoup penser à Frankie D.S.V.D.) au ptit déj’ pendant des années !

Puissant et inspiré, « This Violent Decline » surprend par la facilité avec laquelle il fait oublier qu’il est fait d’un alliage vieux de plus de vingt ans, sûrement en raison du naturel avec lequel les morceaux sont joués : si la réorientation thrash 80’s de TRIVIUM est on ne peut plus plaisante à entendre, elle tient aussi beaucoup du gimmick, parce qu’il est cool de nos jours d’être old school et d’affirmer sa passion pour les GUNS ou METALLICA. Dans le cas d’ AFTER ALL, on sent que ça vient des tripes, et à défaut d’être un chef d’œuvre, « This Violent Decline » est une collection réjouissante de morceaux à l’ancienne qui font la part belle aux rythmiques massives (« Blackest moon », « The Harlot ») ou rapides (la majorité des titres), solos mélodiques et riffs à la SLAYER (« Sacraments For The Damned », « Ruins Of Bones », « To Haunt You »). Comme quoi, quoi qu’on en dise parfois, le traditionalisme a du bon… après tout.


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 12788