Voilà une paie que je dois faire la chronique de cet album, une tâche souvent remise à plus tard à cause de ce foutu syndrome de la page blanche (enfin, beige claire, j’ai un peu personnalisé l’environnement visuel de mon traitement de texte pour ne pas me faire bobo les zieux). Ce manque d’inspiration n’a pourtant rien à voir avec une éventuelle faiblesse de contenu de « History Of A New Mankind » qui, j’espère parvenir à l’exprimer dans les lignes qui vont suivre, est un bien sympathique premier essai pour Aevlord, le maître de cérémonie, et sa troupe.

Album conceptuel et ambitieux, « History » est donc également un album dans lequel les ambiances sont primordiales et particulièrement soignées. Plus sombre que vraiment symphonique, le black pratiqué par AEVLORD rappelle dans son approche mélodique, son utilisation des claviers sous toutes leurs formes et son relatif dénuement en terme de prod un groupe comme ENSLAVEMENT OF BEAUTY, dont le « Megalomania » est un modèle du genre. Un poil d’EBONY LAKE également dans quelques digressions « baroques », sans les lourdeurs, ou de CRADLE OF FILTH (époque « Dusk » à « Cruelty ») pour les vocaux masculins clairs et parlés. Mais en règle générale, on est loin de la grandiloquence des Anglais et les Français s’en sortent très bien dans une voie où la frontière entre classe et ridicule est souvent très fine. Les douze morceaux sont en règle générale plutôt posés, sans déluge de blasts ou autres démonstrations de force, avec le parti-pris évident de mettre les claviers en avant afin d’imposer une atmosphère à la fois sombre et séduisante, à l’image de ce château sombre posé au bord d’une falaise qu’on voit sur la pochette. On sait bien qu’il pourrait se passer des trucs pas cool dans la pénombre de ses salles froides, mais on se sent également attiré vers lui par quelque force invisible, comme on est séduit par les mélodies tristes qui sortent des enceintes.

L’impression première de pauvreté de la production s’évanouit très vite : le son mériterait certes d’être légèrement plus touffu, mais son dénuement contribue à instaurer cette atmosphère spéciale qui émane de l’album et qui colle tellement bien à son visuel. Comme l’écho de vos pas dans les couloirs étroits du château alimenterait votre angoisse, les guitares sont ici en retrait pour laisser les notes de piano instaurer une ambiance romantico-mélancolique entretenue par les interventions de la chanteuse Garvaniath. L’absence de paroles compréhensibles donne d’ailleurs à ses vocalises une dimension spectrale qui entretient le charme et on se surprend à arriver à la fin du disque beaucoup plus rapidement que prévu.

« History Of A New Mankind » est un album de black mélodique au sens large, très prometteur, qui devrait faire passer un bon moment à tous les fans des groupes précités même s’il lui manque, c’est son principal défaut, quelques titres vraiment forts pour être exceptionnel. Le concept veut certainement cela en partie, mais on a l’impression, surtout quand on le connaît bien, d’entendre souvent les mêmes choses, certaines pas toujours très inspirées il faut le dire et aussi bien écrit et interprété soit-il cela reste un frein à mon enthousiasme. Ce qui ne m’empêchera pas pour autant de le refaire tourner avec plaisir à l’avenir…


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 10603