Je ne ferai pas de commentaires sur la teneur de la feuille de presse qui accompagne ce disque. Après vérifications avec le distributeur, il est manifeste que la maison de disques distribue des informations inexactes car ce sont celles du premier album "Requiem", sorti en 2000. Cela parait peut-être anecdotique mais la feuille de presse en question mentionne quand même l'existence de six vocalistes, d'un choeur et de paroles en latin. Et résultat des courses, je trouve seulement trois vocalistes et des paroles en allemand. Bref, on en pensera ce qu'on voudra.
Sur le papier, les allemands de Aeternitas passent donc pour un groupe ambitieux. Le style pratiqué, du goth à fortes influences médiévales teinté de metal, se prête en effet souvent à une utilisation conséquente de moyens. Les exemples de In Extremo, de Subway to Sally voire même de Sopor Aeternus viennent rapidement à l'esprit. L'emballage est donc pour l'instant irréprochable, d'autant que le groupe semble être assez soutenu au niveau promotionnel. La production est correcte et je vois déjà certains sourciller en pensant trouver un nouveau sujet d'intérêt au bon goût moyennageux. Cette troupe aux airs de famille nombreuse possède quelques avantages à savoir un sens de la mélodie assez intéressant et un style qui évite soigneusement de vexer les susceptibilités. C'est assez chargé en guitares pour ne pas vexer le métalleux, on ajoute des arrangements électro pour attirer les fans de Tanzwut et on met le paquet sur les voix larmoyantes pour retenir le goth dépressif. Pourtant, la plupart des morceaux sonnent de manière beaucoup trop dépouillée. J'en veux pour preuve "Edelmann und Edelfrau" dont les claviers sonnent creux et les guitares qui semblent avoir été rajoutées artificiellement. Je pourrais aussi citer l'intro du disque qui paraît être en complet décalage avec le reste du disque, "Kardinal" qui ressemble à du Crematory de bas étage, "Kaiser und Kaiserin", "Mutter und Kind" ou "König" qui paraissent sortir de fins de session d'un Subway to Sally qui lui déjà, ne ressemble plus à grand chose depuis le dernier album. De plus, alors que la plupart des groupes du genre prennent la peine d'utiliser des instruments traditionnels, Aeternitas n'a à nous proposer que cet épouvantable clavier qui s'accapare la plupart du temps tout l'espace sonore. Il en résulte un aspect complètement artificiel, et l'ambiance générale manque totalement d'énergie et d'enthousiasme. Par instants, Aeternitas m'a fait songer à Morgenstern, et c'est loin d'être un compliment. Le groupe montre pourtant qu'il sait dépasser ses limites dans des titres plus entreprenants comme "Chorherr" et "Papst" ou sur la ligne mélodique agréable de "Jurist". Mais le côté théatral annoncé est carrément à côté de la plaque la plupart du temps. En fait d'évolution, on assiste à la régression d'un groupe qui n'a pas su se mettre en valeur et qui a adopté de nombreux mauvais choix, que ce soit dans sa manière de composer ou dans son optique sonore.
Les vocaux sont globalement bons et il faudra bien sûr supporter l'allemand pour les apprécier pleinement. En définitive, "La danse macabre" est un peu comme une bouteille d'orangina souffrant de malfaçons. On nous annonce quelque chose avec du goût, des bulles et de la joie. En fin de compte, toute la pulpe reste collée au fond et ça reste déséspérément fade. Bof bof.


Rédigé par : Loufi | 08/20 | Nb de lectures : 8399