AES DANA - La Chasse Sauvage (Sacral/Adipocere) - 16/02/2002 @ 16h58
Le paritarisme n'est pas qu'un gadget fantoche pour élite gouvernante en mal de concepts démagogiques, il suffit de diriger le regard vers le jeune groupe hexagonal Aes Dana pour s'apercevoir que les femmes ont leur mot à dire dans le metal également, et pas nécessairement au poste de choristes ou de claviéristes. En l'occurrence on y retrouve trois fières amazones sur six membres aux postes clé que sont la guitare, la basse et la flute, sans compter l'écriture de pratiquement tous les titres. Si j'ai bien retenu ma brève visite du site web d'Aes Dana, le groupe a d'ailleurs été initié par deux d'entre elles dans l'optique de célébrer au son d'un black metal intègre les valeurs païennes et la bravoure de nos aïeuls proto-chrétiens. Un peu à la manière d'un Belenos mâtiné de consonances celtiques plus proéminentes, Aes Dana nous chante dans un français soigné les hymnes farouches d'un idéal culturel honnête, loyal et respectueux des cycles de la nature. Son empreinte est trempée de sueur animale, taillée dans un jeu robuste comme l'écorce d'un chêne séculaire et imposant comme un dolmen dans la pénombre de l'aube.

Une production à l'équilibre exact garantit à Aes Dana un profil percutant, et propulse le fil tranchant des guitares toujours plus de l'avant, telles une meute de loups à la poursuite du gibier, dans une chasse sauvage éperdue... Mais ces guitares rageuses, toutes exaltantes qu'elles soient dans leur habit de rudesse originelle (on repense bien entendu à Burzum et consorts pour leur timbre fusant), doivent une bonne partie de leur pouvoir de conviction a une batterie étonnante de maîtrise qui s'adapte excellemment à tous les détours de la musique en soutenant une intensité torride que ce soit dans les mouvements black les plus rapides ou dans les breaks où le rythme martial de la caisse claire et des cymbales chétives évoque les Irlandais de Primordial qui évoluent dans un registre idéologiquement analogue. Avec ces éléments plus un chant pour le moins barbare entre death et black (un peu trop présent peut-être ?), il y aurait d'ores-et-déjà de quoi boucler un album brut mais mélodique de très haute voltige, d'un niveau global comparable à "Errances Oniriques" de Belenos si vous voyez le tableau.

Seulement voilà, il y a une griffe Aes Dana. Au même titre que d'autres usent et abusent des synthés pour ornementer d'une façon ou d'une autre leurs compositions, Aes Dana ont choisi de faire des instruments traditionnels que sont la flute irlandaise et la bombarde des lieutenants à part entière de leur art guerrier.
Exécutés de façon splendide, ces nobles ustensiles témoins des chroniques révolues du temps jadis parfument la musique de leurs charmants accords fluets et surannés que l'on associe illico aux troubadours et autres chantres relais de légendes médiévales autour du feu. Loin d'être mis en œuvre en simple appoint folklorique lors de refrains ou d'intermèdes, ils accompagnent les morceaux tout au long de leur genèse, s'avérant de véritables moteurs en matière de dynamisme et de panachage des goûts et des impressions. Alors bien entendu ce sont des sonorités que l'on aime ou que l'on déteste, mais si on aime (et j'adore !) alors croyez-moi on en a pour ses sesterces et bien plus encore. Sublime entre tous, un morceau comme "Anwynn" devient un réservoir d'adrénaline lorsque Dame Amorgen bombarde un solo de l'instrument du même nom, une mélodie prodigieuse qui, entrecroisée avec les flutes et un tempo captivant, finit par tourner la tête comme un vin tiré du tonneau.
Et que dire du superbe final de "Ethereal Visions" ou, une fois de plus, on se croit expédié tout droit au cœur d'une clairière hantée de nymphes et de satyres, alors que résonnent encore non loin les clameurs d'un combat sanglant.

Aes Dana ou comment supplanter en envergure et en puissance pure, à l'aide de moyens natures et archaïques, toutes ces méga-productions "modernes" que l'on veut nous faire ingérer à grands coups d'effets démesurés et d'attitudes factices dans le derrière ! Alors que les ultimes tourbillons moyenâgeux des "Chants de Brennos" (encore un morceau essentiel, mais ne le sont-ils pas tous quelque part ?) se perdent dans le lointain, j'espère très fort que ces notes ensorceleuses et exemplaires ne sont que celles d'un au-revoir à très bientôt... pour une nouvelle partie de chasse !




Rédigé par : Uriel | 18/20 | Nb de lectures : 6748




Auteur
Commentaire
Gray
Invité
Posté le: 16/02/2002 à 19h54 - (566)
Visiblement Uriel s'attache plus a la prod qu'au contenu, parceque putain qu'est ce que cet album est plat ...
A moins qu'il joue dans le groupe ???

BMenez
Invité
Posté le: 17/02/2002 à 17h19 - (572)
Gray, tu pourrais m'en dire un peu plus ?
En lisant la chronique d'Uriel, j'etais pres a signer des 2 mains mais apres ton commentaire, je me pose des questions.....

Uriel
Invité
Posté le: 18/02/2002 à 12h41 - (575)
1. Gray a raison, je m'attache beaucoup à la prod d'un album, mais je crois deviner qu'il laisse entendre que je n'aime que les prods 4 pistes - cagibi, ce qui est encore assez loin de la vérité. J'aime qu'une production souligne avec justesse le contenu d'un album. Une prod typée Abyss peut très bien donner un coup de fouet à un certain type de musique comme elle pourrait desservir l'atmosphère d'une autre. D'une part la prod de La Chasse Sauvage est très bonne au sens commun, je ne vois pas ce qu'on peut avoir à y redire. Je connais très peu de groupes qui sont parvenus à un mix aussi equilibré entre la section metal et des instruments folkloriques, et le son de gratte comme de basse est suffisamment distinct et percutant. Deuxièmement cette prod s'adapte comme un gant à l'esprit guerrier et sauvage de l'album.
2. "putain qu'est ce que cet album est plat". Que rétorquer à un argument aussi implacable? Je dois m'incliner, c'est terrible...
3. Je ne joue pas dans Aes Dana et n'en connais les membres ni d'Eve ni d'Adam, le copinage c'est pas trop mon rayon, merci!
4. Mon conseil final à Bernard Menez : si tu penses reconnaître tes goûts dans ce qui est écrit dans la chronique, alors je ne vois pas comment tu pourrais connaître une immense déception avec Aes Dana. Maintenant si tu demeures sceptique et c’est tout à ton honneur, essaye de te débrouiller pour en écouter un peu avant d’acheter le CD, et si tu me dis que c’est vraiment nul à chier, alors je commencerai à me poser des questions. Au fait, c’est pour quand ton prochain duo avec Jean Lefèbvre sur grand écran ?


fuckthisworld
Invité
Posté le: 18/02/2002 à 17h48 - (578)
c est quoi le titre de l album deja
ha oui la chiasse sauvage !!!!
ca fait du bien !!!!

Marc/Belenos
Invité
Posté le: 19/02/2002 à 12h34 - (586)
Salut Uriel, bonne chronique de nos confrères d'Aes Dana pour ce qui est du contenu musical, mais j'aurais un p'tit bémol... je trouve pour ma part que la production ne met au contraire pas en valeur l'énergie du groupe, et je dis ça pour les avoir vus en live ; d'ailleurs on en a discuté et ils n'en sont pas entièrement satisfaits, le gars qui s'en est chargé ayant plus l'habitude de mixer des registres plus calmes il n'a pas su mettre autant de puissance dans les guitares que dans les instruments à vents, qui par ailleurs sonnent très bien.M'enfin ce n'est que mon humble avis...en dehors de ça j'aime beaucoup ce qu'ils font!

filou
Invité
Posté le: 20/02/2002 à 23h20 - (598)
cet album et tout simplement genial .....
si si je vous jure
ca vaut pas encore ADORNED BROOD mais en Black Folklo (mon style prefere) c'est vraiment un des meilleurs groupes.
Vivement le suivant

thorkel
Invité
Posté le: 22/02/2002 à 18h40 - (608)
super album et stt ils st français !!!
pour l'info y'a un groupe de poitiers qui s'appelle innith gnennvah (suis pas sur de l'orthographe dsl) qui joue ds la mm veine (avec flute + cornemuse) c vraimt puissant sur scene !!!!!!!

dark tranquillou
Invité
Posté le: 24/02/2002 à 14h19 - (612)
Ca y est, la scène française est sortie de son mutisme, les groupes de qualité arrivent à ce faire connaitre hors de leur région. Aes dana vient de pondre un petit bilou, et même si le son des grattes manque un peu de puissance, la qualité des compos fait oublier ce petit défaut. Je sais que ça ne change rien au contenu de l'album mais ce dernier est disponible en version fouureau avec écusson en cuir collé dessus, un visuel soigné ça fait toujours plaisir (même si ça ne rentre pas dans la tour cds). Pour les amateurs de flute, je conseille aussi le premier dark reality "blossom of mourning" même si la musique est plus doom.

panos
Invité
Posté le: 03/03/2002 à 04h35 - (634)
la flute ca craint trop de la moule

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