“Rise to Dominate”. Le titre du troisième album d’AEON est à lui seul un parfait résumé de tout ce que l’on pourrait écrire à son sujet.
Contractuellement tout d’abord, AEON est désormais chez Metal Blade ce qui confirme une montée en puissance au fil des albums et un succès grandissant des Suédois.
Musicalement ensuite. Loin des mélodies travaillées et des rythmiques entraînantes qui ont fait la renommée de bon nombre de leurs compatriotes, AEON enfile ses sabots pour piétiner l’humanité et pas pour lui faire danser une gigue... endiablée.
De gros sabots, il en est en effet question car “Rise to Dominate” est avant tout une déclaration de haine crachée à la face de la chrétienté. Adolescents boutonneux et révoltés, nous avons tous été à un moment ou à un autre impressionnés par ce genre de provocation qui aurait fait pâlir à la fois mémé et monsieur le curé mais aujourd’hui, un satanisme affiché fait plus sourire que frissonner.
Oublié le ridicule des paroles, reste une haine tout à fait cohérente avec l’esprit musical d’AEON.

Comme DEICIDE, leur principale source d’inspiration, a su le faire dans le passé, AEON transforme leur état d’esprit vindicatif en un Brutal Death ultra efficace.
Articulées autour de riffs tranchants et efficaces, les compositions sont variées tant dans les tempos que dans la construction. Blasts rapides et typiques, riffs lourds et mid-tempo, harmoniques couinantes et sweep-pickings dissonnants, mosh parts... On retrouve même quelques bons vieux riffs thrash d’antan, de quoi caresser quelques côtes au sein de moshpits infernaux.
Une forge aux émanations de soufre suffocantes donc, qui doit aussi beaucoup aux growls de Tommy Dahlström: épais et très articulés à la Ross Dolan, qui portent littéralement le groupe et son message fielleux.
De ce métal vulcanisé jaillissent quelques soli de guitare absolument somptueux: techniques, mélodiques, sans démonstration inutile ainsi que de rares nappes de claviers pour ajouter encore à l’atmosphère.
Difficile de prendre en défaut “Rise to Dominate”, y compris dans le son de cet album: direct et tranchant, suédois. On aurait pu souhaiter une batterie un peu moins synthétique du côté des toms et des cymbales, ou encore un mixage un peu plus lourd, en adéquation avec l’ambiance générale du disque. Mais ce serait vraiment chercher la petite Bête.

Album après album, AEON s’élève. Pour ce qui est de dominer, le groupe est en droit d’espérer et pour cela, il ne semble même pas nécessaire de pactiser avec le Malin. Quelques albums de cette trempe devraient suffire.


Rédigé par : La Myxine | 14/20 | Nb de lectures : 10216