En voilà un album qui va faire couler beaucoup d’encre… 7 ans après un "Empire des Sens" acclamé, AD INFERNA a décidé de redistribuer toutes les cartes et de se réorienter vers un style bien différent du black symphonique de ses débuts. Pourquoi ? Évolution, envie de ne pas tourner en rond j'imagine. Toujours est-il qu'il faudra vous y faire: les riffs de guitares acérés, les blasts ravageurs, les parties symphoniques et la violence ont totalement disparu de l'univers d'AD INFERNA… Amen.

"Trance'n'Dance" ne cherche donc pas à tromper son auditeur avec son titre équivoque et sa pochette à la beauté gothique et froide: il s'agit bel et bien d'un album taillé pour enflammer les dancefloors goths de France et de Navarre. Début tonitruant avec une reprise du "Fade to Grey" de VISAGE, groupe néo-romantique connu pour ce seul et unique titre qui a cartonné au cours des années 80… L'image est symbolique, la prise de risque maximale et les Français pondent un titre puissant où big beats viennent se mêler à des synthés quasi similaires à ceux de la version originale, le tout appuyé par une guitare en guise d'apparat metal. La mayonnaise prend plutôt pas mal mais on reste un peu dubitatif sur le choix d'un chant français/anglais voire franglais original mais quelque peu déconcertant. Les 7 titres qui suivent sont exactement du même acabit musical : dansants, musicalement crédibles mais qui ne pèchent que par un seul élément : le chant de V. V. Arkames.

Si les vocaux blacks du sieur font merveilles et ajoutent un petit côté malsain plutôt intéressant, le chant clair (qui représente 60% du travail présenté ici) est affolant de nullité. "Ooouuuhhhhh! C'est mal de dire ça!" Eh bah allez-y, lynchez-moi sur la place publique mais alors là, on frôle le cliché à chaque mot scandé par VVA! Les "Quand métamorphose devient métanpsychose", "J'implore ton pardon", "Amant volage masqué d'un voile léger", "Que le monde sache le mal que tu m'as fait" ou "You as my Own Drug" trouveront directement échos dans le cerveau du public goth avide de poésie romantico-dépressive mais pour le commun des mortels, on a bien du mal à ne pas esquisser un sourire à l'écoute de ces phrases énigmatiques qui feraient passer les phrases de SAS de l'Argilière pour une tirade d'Oncle Picsou. Élitiste vous avez dit ? Oui, tout à fait ! A force de vouloir trop jouer les intellos adeptes du Petit Robert, AD INFERNA frôle la parodie et s'emmêle les pieds dans le tapis. On en oublierait presque les apparitions d’Asphodel qui vient ici poser quelques voix angéliques planantes en parfaite harmonie avec les instrumentations ("Métamorphose"). On ne peut pas dire que ses apparitions sont dominantes mais le peu qu'elle propose est justifiable et agréable à l'oreille.

"Trance'n'Dance" propose un mix musical qui vaut le détour mais qui se retrouve quelque peu sabré par une orientation vocale un peu douteuse. Pour sûr, et grâce à cet élément, AD INFERNA a une identité qui lui est propre et la cible corbacks intègrera sans broncher ces 12 titres (j'avais oublié de vous faire part des 4 remixes inclus dans l'album que je considère comme anecdotiques).
Pour ma part, je passe mon chemin, ma beauferie de metalleux m'empêchant de comprendre la profondeur musicale et onirique de cette œuvre. Avec tous mes respects. Pool!


Rédigé par : Foofur | 09/20 | Nb de lectures : 11531