ADRIENNE BERNARDI - Sulphur : Le dictionnaire des symboles maléfiques (Camion Noir) - 17/12/2015 @ 07h17
Abaddon, Baphomet, Lucifer, Satan, Samael, Azazel, Belphégor, Belzébuth, Bélial, Cthulhu, Baal, Pân, Golem, Leviathan, Seth, Cronos, Behemoth, Kali, Chimère, Iblis, Hadès, Euronymous... bon, on va arrêter là, parce que je crois je pourrais aisément vous en mettre plusieurs lignes avant que vous ne tombiez sur un nom que vous ne connaissez pas ou que vous n'avez jamais lu ou entendu.
Le metal est en effet tellement lié à ces noms démoniaques qu'on en oublie parfois la signification... quand on l'a un jour connue ! Il n'y a certainement qu'une minorité des Metal Heads capable de différencier et de précisément définir qui sont Baphomet, Belzébuth et Lucifer, ces derniers ayant pourtant des spécificités bien marquées dans leurs caractéristiques, leur identités et leurs histoires. Si certains groupes "s'amusent" des noms et des symboles sans trop chercher à savoir le pourquoi du comment, d'autres sont beaucoup plus rigoureux quand aux noms auxquels ils associent leur nom et leur musique. Et comme pour faire le tri dans ce gloubi boulga démonologique il faut un peu de biscuit, on va parler de ce dictionnaire des symboles maléfiques, "Sulphur".

Personnellement, malgré mon taux d'heure affiché à écouter du métal, je me suis aperçu en lisant ce livre que je connaissais finalement peu de choses aux grandes images et symboles démoniaques. Je ne savais pas par exemple à quel point les légions de Lucifer étaient calquées sur le modèle des armées humaines avec leur hiérarchie, leurs généraux et leurs "spécialités". Ce que j'aurais pu dès lors considérer comme une lecture ésotérique c'est presque transformée en processus de démystification. A bien des égards (mais pas tout le temps néanmoins) les religieux semblent s'être inspirés de la réalité qu'ils connaissaient pour imaginer les forces de l'au delà. Du coup, à certains moments, la description de certains démons fait un peu "carton pâte" quand à ce qui en est dit. Cependant si on prend aussi en compte que ces démons peuvent avoir été inspirés de figures humaines bien réelles, l'effroi se refait une petite place puisque la cruauté de l'homme à toujours été novatrice dés lors qu'il s'agissait de guerre et de destruction.
C'est en se référant à ces figures que de nombreux musiciens ont choisi leur pseudonyme, certains apparaissant au prime abord assez logique quand d'autres semblent plus nébuleux à décrypter.

Si il apparaît intéressant de savoir ce que les plus rigoureux des metalleux ont mis derrière les symboles qu'ils utilisaient, il est tout aussi passionnant de constater que les références culturelles utilisées par les chevelus sont diverses et variées. En effet, loin de ses contenter des mythologies scandinaves et des références Judéo-chrétiennes, les artistes vont aussi facilement piocher dans la culture celte ou orientale, ces dernières trouvant parfois résonance avec des histoires encore plus archaïques, parfois oubliées ou considérablement déformées avec le temps. Il devient alors passionnant de constater que certaines images ou métaphores religieuses sont curieusement proches les unes des autres malgré des éloignements géographiques et culturels parfois importants, un comble quand on sait à quel point certains sont virulents quand il s'agit de parler de leur identité culturelle. L'homme semble donc lié par ses peurs et ses angoisses, un peu comme si on redoutait tous les mêmes choses quelque soit l'endroit d’où nous venons.

Un peu comme certaines figures historiques liées à l'horreur et au mal (Dracula, Bathory...) on retrouve au travers de certaines descriptions des démons qui semblent familiers, de la même manière que ce qui semble définir leur essence maléfique apparaît comme classique et presque stéréotypé. Certains archétypes et démons auraient-ils muté en traversant les âges ? Se faufileraient-ils à travers les années en changeant de noms et d'apparence tout en gardant les mêmes vices... ou manquerait-on cruellement d'imagination malgré le nombre d'années qu'affichent nos civilisations ? Malheureusement il semblerait que l'on se foule pas vraiment la rate dès lors qu'il s'agit d'imaginer une histoire (ami de la récupération et du recyclage, Manu Chao est votre Saint Patron). Particulièrement vrai aujourd'hui au travers de certains scénarios de films d'horreurs actuels, certains auteurs n'ont pas hésité à aller piocher dans le passé en déformant un peu les histoires originales afin qu'on ne les reconnaissent pas trop... à moins que cela soit uniquement une vulgaire coïncidence ?

Si il existe des ponts et des liens entre les différentes religions, il est amusant de voir combien certains éléments et particulièrement certains animaux peuvent avoir une aura différente d'une culture à une autre. Tantôt vecteurs de puissance et de panache ou de vice et de lâcheté, il vaut mieux selon certaines espèces se trouver face à certaines cultures plutôt que d'autres. A ce propos d'ailleurs, il est clair qu'il y a des bestioles qui, comme on dit chez moi, n'ont vraiment pas eu de choune en étant ce qu'ils sont. Persécuté depuis que l'homme est homme, les hiboux, boucs ou coq noirs par exemple se rejoignent sur de funestes destinées où ils sont sacrifiés à cause de leurs apparences ou de leurs supposés liens avec le malin. Obscurantisme, peurs bons marchés ou simple cruauté peinte de superstitions plus ou moins déguisées, les raisons qui font que l'homme se déchaîne n'ont pas plus de limites qu'elles n'ont de cohérence et/ou de sens. Et c'est peut être au final ce qui fait le plus peur dans "Sulphur" quand on sait que le coté "légende" et "superstition" est pris au pied de la lettre par certaines personnes et qu'au final, c'est bien l'homme qui s'avère être le pire des prédateurs qui soit. A de nombreuses reprises d'ailleurs, il est souligné dans le caractère de certains démons le coté "inspirant" qu'ils souhaitent avoir pour les hommes. La mission devient alors de faire faire le mal plutôt que de le faire soi même. Le meilleur coup du diable n'est-il pas d'avoir réussi à convaincre tout le monde qu'il n'existait pas ?

Un ouvrage à multiples entrées donc, qui donne à voir et à comprendre plus que ce que son titre laisse supposer. Il conviendra bien sûr pour certains qui cherchent des informations encore plus précise et détaillées de compléter ce livre avec d'autres ouvrages plus étayants, mais "Sulphur" reste une première lecture divertissante en plus qu'elle semble rigoureuse et documentée.


Titre : Sulphur, le dictionnaire des symboles maléfiques
Par : Adrienne Bernardi
Editeur : Camion noir
Nombre de pages : 416
Prix : 30 Euros



Rédigé par : Pamalach | Sympathy for the devil/ | Nb de lectures : 9467




Auteur
Commentaire
GabinEastwood
Membre enregistré
Posté le: 17/12/2015 à 13h39 - (118969)
Livre intéressant en effet, si le spécialiste n'y apprendra rien de nouveau, le novice y découvrira pas mal de choses et cela lui permettra de mettre un nom et un visage sur une divinité et pas seulement sur un pseudo d'un zikos.

Il est très bien documenté et écrit en +

Moshimosher
Membre enregistré
Posté le: 17/12/2015 à 19h15 - (118971)
M'a l'air intéressant ce bouquin...

CromCruach
Membre enregistré
Posté le: 19/12/2015 à 21h30 - (118985)
Le Diable est une invention du III ème siècle, à part ça, m'a l'air intéressant ce bouquin.

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