ACYL veut dire "Authentique" en langue arabe. Ce combo pratique déjà depuis quelques années la fusion entre un metal énervé et la musique arabo-berbère. En incluant des instruments traditionnels comme le guembri, des karkabous et un oud à la composition de chants traditionnels, ACYL apporte un vrai cachet à la touche "world" de sa musique. Son metal volontiers musclé s'en trouve magnifié et le groupe n'oublie jamais l'unité des morceaux créant avec intelligence des ponts entre la brutalité de ses attaques métalliques et l'entrain de la plupart de ses parties les plus "ethniques". Du sacré bon boulot qu'on va décortiquer un peu en espérant que vous n'avez pas attendu et que vous vous êtes déjà en train de cliquer pour écouter la musique de ce joli combo !

La première question que vous devez vous poser c'est « Ouais c'est bien beau tout ça... mais des groupes qui pratique ce mix, on en a déjà entendu plus d'un ! ».
Évidemment, avec le nombre de groupes du Moyen-Orient et du Maghreb qui se sont mis à faire du metal, il faut plus que "l'idée" de fusionner les styles pour que la recette fonctionne. Avec ACYL, l'originalité vient de son identité et de la façon dont ils font fonctionner les rouages de leur musique. Tout coule de source, le combo pratique une musique qui leur semble évidente et où tout s'articule avec une logique implacable et une élégance de danseuse étoile.
On avait déjà eu l'occasion d'entendre le combo dans d'autres productions (ce "Algebra" est leur second album !) et on savait déjà les garçons solides et pleins de bonne volonté. Ils semblent sur ce nouvel album pleins d'une énergie encore plus dévastatrice qu'auparavant et armés d'une méchante technique ils s'amusent sans tomber dans les méandres de la précision chirurgicale. Dès le premier morceau, « Ungratefulness », on comprend vite que le groupe n'a pas l'intention de ranger son identité au placard et que si il faut faire mal avec des riffs pleins d'un metal bouillonnant ils vont pas avoir peur de faire chauffer la colle !

Cet album se découpe en 12 chansons qui sont autant d'invitations au voyage que des odes à la vie et à la mort. Certaines chansons sont vraiment incroyablement envoutantes comme "Demiurge" qui avec son introduction à la guitare claire pose une ambiance quasi mystique enrobée par un magnifique chant de baryton sensible et habité. Le travail sur le chant et sur les voix est d'ailleurs remarquable tant on ressent fortement les vibes orientales du groupe dans une chanson comme "Autonomy" par exemple. Au départ, c'est d'ailleurs assez déconcertant pour les personnes comme moi qui ne sont pas des spécialistes de la musique arabe. On est loin de la simple utilisation de la gamme mineure harmonique comme on a souvent l'occasion d'entendre les groupes l'utiliser. Tout est ici plus profond, plus intime et plus maîtrisé. Les lignes de chants sont complexes, les chœurs sont placés de manière très subtiles et tout s'enchevêtre avant qu'un chant au grain très saturé ne vienne balayer le tout de façon impitoyable.

Dès que le groupe appuie sur la pédale « Metal Zone » on se retrouve directement dans un univers plus balisé qui nous est de suite plus familier. Mais au détour d'une double croche ravageuse et d'un break furibond, un instrument arabe vient pointer le bout de son nez et se marie de la plus élégante des façons aux sonorités pétaradantes des guitares électriques.

Au final, on se trouve en présence d'un groupe qui possède sa propre identité et qui mérite largement qu'on s'intéresse à sa musique. A noter pour finir, un joli digipack avec un superbe livret vraiment bien pensé et travaillé. N'hésitez pas à aller écouter l'impitoyable « Head on Crash » qui en plus de vous coller méchamment la tête sous le sable vous fera admirer toutes les merveilles oniriques du nord de l'Afrique. Un excellent album...


Rédigé par : Pamalach | 15/20 | Nb de lectures : 13241