Le label allemand a senti le bon filon en signant le 4e album des Suédois. A moins que ce ne soit le contraire et que le groupe n’ait entrevu la possibilité d’une caisse de résonance plus significative pour la suite de sa carrière. Dans les 2 cas, tout le monde y gagne.
Car ACT était surtout « très connu » dans le milieu progressif pour avoir surpris son monde en 1999 avec son premier album Today’s Report. Difficile à cerner à la première écoute, le mini microcosme prog a rapidement emballé l’affaire pour l’installer comme sa nouvelle coqueluche. Ils sont comme ça les progueux*. Devant le vide sidéral de certaines productions, ils ont vite fait de jeter leur dévolu sur le premier venu, pourvu qu’il manifeste une once de fraîcheur. Comme c’est pathétique !
Bref, pas vraiment prog, la musique du quintet flirte surtout avec la pop progressive haut de gamme. « Classieuse », ciselée de mélodies à l’or fin et de compositions élégantes, elle se nourrit d’une mixture dont les quatre aliments principaux seraient Saga, Queen, Rush et Kansas. Auxquels on pourrait joindre pour Silence, Toto et les Beatles.
Refrain accrocheur, voix enfin agréable (ça n’a pas toujours été le cas), guitare incisive, claviers flamboyants, production hypertrophiée, ACT aligne des titres sophistiqués. Depuis Truth Is Pain qui pourrait à lui seul servir d’empreinte digitale en passant par Puppeteers et This Wonderful World, l’oreille est caressée, choyée et divertie à loisir. Alors bien sûr, il y a une suite. Et là je vois la pupille du progueux qui frétille et je l’entends me susurrer « on te tient, petit salopard. La voilà la preuve. ACT est bien un groupe de prog. Et pan sur ta gueule ! ». Une suite donc de 25’ de Call In Dead (12) à The Final Silence (19). A y regarder de plus près, peut-on vraiment appeler ça une suite ? Oui sur la forme puisque c’est présenté comme tel– encore que ça ressemble davantage à 8 morceaux qui se suivent qu’à une vraie suite progressive classique avec enchaînement des thèmes musicaux. Non, sur le fond car chaque titre pris individuellement peut s’écouter détaché sans nuire au précédent ou au suivant. Mais les « puristes » vous diront qu’il n’en est rien et que tout ceci est interprété à des fins partisanes. On s’en fout. Ces 8 titres sont en tout cas dans la même lignée que les autres et sont tous très bons. Ecoutez bien Call In Dead ; l’ombre du Grand Queen y plane avec bienveillance. Avec peut-être un bémol pour la ballade guimauve Father’s Love. Mais c’est l’homogénéité générale qui compte ainsi que la qualité de la production ; tout simplement irréprochable sur ces 2 points ! Au final, la diversité des titres, leur interprétation au cordeau et leur fluidité en font un album de premier plan dans le genre et très agréable à écouter. A vous de jouer !

* : nom donné par Christian Decamps (Ange) aux intégristes qui voient du prog partout, y compris là, où bien évidemment il n’y en a pas. Surtout, devrais-je dire, là où il n’y en a pas…


Rédigé par : Karadok | 15/20 | Nb de lectures : 13346