Achilles, quatuor metal-core de Rochester (NY), n’en est pas à son coup d’essai avec cet album. Outre un split double CD avec le tout aussi metal-core Engineer (dont un album a été traité dans ces même pages), le groupe a déjà sorti sur Hex Records au moins un album longue durée intitulé « The Dark Horse ».

A l’époque la filiation avec Breather Resist était évidente, probablement en partie grâce/à cause de la production assurée par Evan Patterson, et on pouvait assurément assimiler Achilles à la vague chaos-core initiée par Botch, Coalesce et Deadguy, voire noise-core à la Playing Enemy, Kiss It Goodbye et consorts… mais les temps ont changé, et le jeune et fougueux Achilles a mûri.

Mûri, mais pas muté, car si le groupe persiste et signe dans le registre agité et chaotique cher aux amateurs des groupes précités, il l’agrémente aujourd’hui d’influences nouvelles et de trouvailles qui lui permettent de se détacher des standards du style. La musique est toujours aussi rythmique et anguleuse, la dynamique générale est impressionnante et le tryptique solidité-intensité-férocité reste d’actualité. Certains riffs de guitare tout en dissonances, agressifs, lourds et métalliques, sont proprement bluffants, comme ils pouvaient déjà l’être sur leur album précédent. Cependant, sur celui qui nous intéresse ici - réalisé autour de la thématique de l’hospice comme son nom et la plupart des titres l’indiquent- les breaks incessants, les murs de distorsion et les hurlements cathartiques, sont complétés par l’intégration de parties plutôt originales et inattendues pour ce style, ce qui constitue incontestablement une amélioration dans le sens de la personnalisation de l’approche musicale de la formation.

En effet, un nouveau feeling imprègne aujourd’hui les compositions d’Achilles : on pense « post »-« rock » ou « core » ou « metal », tant le côté épique prend place et se développe, parfois jusqu’à des dimensions carrément atmosphériques dans ces moments où la guitare se fait plus spatiale, à la manière de ce qu’un Cave In (période Jupiter, voire Antenna) peut proposer. Le tout est d’ailleurs servi par une production impeccable qui permet une excellente appréhension de la richesse du son du groupe (quel plaisir de pouvoir distinguer ces superbes lignes de basse !!!). Loin de sonner copier-coller, l’ensemble s’articule admirablement bien, et une grande fluidité se dégage au long des 12 titres pour une durée d’un peu moins de 30 minutes, ce qui permet au disque de rester concis et lui évite de lasser son auditeur. Pour résumer, Achilles nous offre là un disque à la fois cohérent et varié dans son ensemble comme au sein même des morceaux qui le composent. Ajoutez à cela un artwork superbe proposant une photo pleine page pour chaque titre, ainsi que leurs paroles en feuillet central, et la preuve de l’aboutissement de ce disque est faite.

Achilles nous permet ici de renouer avec du vrai, du bon « metal-core » où la mélodie prend de plus en plus de place, sans sombrer dans le cliché de l’intégration d’un chant clair à l’ensemble (ce que bien peu de groupes peuvent se targuer de faire à bon escient).


Rédigé par : NicoSata | 15/20 | Nb de lectures : 9856