En se payant le luxe de se ramasser un 4,5/5 sur VS pour leur deux titres "Le vide est forme", ABYSSE avait attiré l'attention de plusieurs d'entre vous... et de plusieurs chroniqueurs.
En écumant les scènes aux côtés de KLONE, KRUGER ou HACRIDE les sombres mélomanes ont affirmé un bon potentiel scénique et confirmé les espoirs de tous ceux qui pensaient que ABYSSE était un groupe à surveiller de près...
Les revoilà donc avec un premier album rempli jusqu’à la gueule de musique névrotique baptisé "EN(D)GRAVE".

Toujours 100% instrumentale, la musique est toujours au carrefour du metal, du Post Core, du hardcore et du prog... le tout contenu voire étouffé dans une atmosphère chaotique et désenchantée qui prend à plusieurs reprises des allures de retours de flammes des enfers.

Avec ce premier album, ABYSSE nous a concocté sept titres instrumentaux de haute volée où la technique et le sérieux permettent simplement de servir un art dédié au voyage et au chaos. Rien n'est ici laissé au hasard.
De l'impeccable production à l'artwork (certes un peu convenu mais collant parfaitement à la musique du groupe) ABYSSE construit sa musique et son identité dans un mélange audacieux de "lâcher prise" et de pugnacité rythmique très rigoureux. L'absence du chant n'est pas réellement gênante d'ailleurs tant des morceaux comme "Mastodon" ou encore "Ten Thousand Changes" sont très aboutis sous la forme dans laquelle ils sont présentés ici.
Dès le premier morceau, on constate que le groupe a toujours à cœur de dialoguer avec l'auditeur au travers de riches mélodies et de phrases tour à tour complexes puis plus relâchées.

Toujours aussi technique, le groupe a encore progressé dans l'étendue de ses possibilités d'expressions et oscille entre les parties Shred dans des solos de haute volée, et les passages plus noisy rapidement dégommés par de grosses rythmiques bien métalliques.

Les chansons oscillent entre les trois et neuf minutes et utilisent toutes les armes de destructions massives mises à la dispositions des metalleux de tous poils.
Rythmiques Thrash, double pédale, solos véloces, rien n'est laissé de côté tant que cela permet d'exprimer quelque chose de brut et de sincère. On reconnaît des éléments de polyrythmie, mais aussi des tranches de Death Technique à la CYNIC, des influences de musiciens tels que Satriani ou ANIMALS AS LEADER et des éléments de constructions alambiquées qu'on pourrait retrouver dans des groupes "spéciaux" comme HORSEBACK ou MOGWAI.

Une chose est certaine, le travail engagé dans cette œuvre est d'une grande qualité et atteste d'une opiniâtreté marquée (on retrouve d'ailleurs quelques clins d’œil instrumentaux assez inattendus).

Cet album comblera de joie de nombreuses personnes, mais son caractère assez singulier ainsi que le "parti pris" du son général pourra peut-être en rebuter certains. On pourra reprocher à ce premier album son caractère peut-être un peu opaque, nécessitant (presque) une attention de tous les instants.
Le son étant très clair et précis, un certain paradoxe se dégage des ambiances chaotiques qui se trouvant alors baignées dans des lumières sonores assez déconcertante par moments.
On attend que tout explose et finalement c'est dans un décor de laboratoire que la guerre se finit, laissant des soldats un peu étonnés de ne pas se voir finir dans la boue... ABYSSE aime certainement profondément ce son, mais un peu plus de débordements et d'éclaboussures ne pourraient lui donner que plus de charme !

Mon avant-dernier paragraphe est peut-être un peu acerbe au vu de la qualité de l'album, mais ABYSSE n'est pas de ce genre de groupe qui a démarré sa carrière en proposant du "Fade". Certainement un peu déçu par le son, je n'oublie pas de dire que cet album est d'une grande qualité et qu'il comblera de plaisir tous ceux qui avaient aimé l'E.P précédent... et pour les autres, amoureux de gros son et de musique instrumentale, venez donc checker ABYSSE !!!


Rédigé par : Pamalach | 14/20 | Nb de lectures : 13071