Ne cherchez pas, il y a peu de chances que vous connaissiez ABYSMAL DARKENING. Moi-même, je découvre ce groupe néerlandais, formé pourtant en 2003. Après une démo en 2004 et quelques modifications de line-up, le groupe s’est stabilisé en quatuor, et comporte notamment des membres de Funeral Goat et des ex-Bunkur. Ainsi que deux demoiselles. Ce n’est donc que cette année, sept ans après leur démo, que le premier album voit enfin le jour sur le label israélien Total Rust (Funeralium, Mourning Dawn, Pyramido, Hyadningar…). Vu le label, les lecteurs les plus vifs auront vite compris que ABYSMAL DARKENING ne fait pas dans le metal sympho à chanteuse, malgré les donzelles du line-up. Au contraire, le quatuor évolue dans cet infâme genre qu’est le doom.

Bien sûr, le doom est un genre extrèmement vaste. ABYSMAL DARKENING évolue lui à la limite entre le doom funéraire et le classic doom, avec un soupson de dark metal. Pour simplifier, c’est le hideux rejeton d’un Candlemass et de Bethlehem, avec un soupçon de semence d’Evoken (me demandez pas comment c’est arrivé là). Le tempo est globalement lent, même si le groupe s’autorise quelques accélérations qui apportent de la variété et un soupçon de colère à l’ensemble. Globalement, c’est plus un sentiment de détresse qui prédomine dans cet essai. Les riffs entraînent six pieds sous terre l’auditeur, mais toujours avec cet objectif de varier les thèmes et de ne pas faire jouer la répétition dont tant de groupes usent et abusent. Au final, on se retrouve enterré tantôt par une pelle, tantôt par une bèche, voire une pioche. Le chant, écorché, un peu à la manière d’un Maniac ou d’un Kvaforth (mais qui n’en fait pas des caisses), contraste bien avec la musique, pour laquelle on attendait plus au départ un chant grave ou carrément death. Mais au final, à la manière des maîtres du dark metal déjà cités, voire d’un Deinonychus, le chant passe parfaitement l’exercice, et au bout de quelques écoutes, il devient complètement naturel, et participe même à la réussite de cet album.

Car oui, cet album est une réussite. Les morceaux sont variés, pas trop long, entre 5 minutes et 7.30 maximum, pour une durée moyenne, 41 minutes. Le groupe va donc droit au but, à l’essentiel, et ne cède pas à la facilité du remplissage, juste « pour faire doom ». Pas de répétitions inutiles, pas de passages gnian-gnian, pas de moments plus faibles. Alors oui, l’album passe lentement, mais c’est dû aux riffs et au tempo ralenti, qui donne un faux rythme à l’ensemble. En signant ce premier essai réussi, ABYSMAL DARKENING fait une entrée remarquée au sein de la communauté doom. Et à noter la reprise, à leur sauce, du "Marian" des Sisters of Mercy. Reprise que je trouve plutôt réussie et qui s’intègre parfaitement dans le reste de l’album.


Rédigé par : Skay | 14/20 | Nb de lectures : 12343