Sacré Proscriptor ! Le mythique batteur/chanteur d’ABSU nous a bien tourné en bourrique pour le 5ème album de son groupe. Qui aurait pu penser que quelque chose initialement décrit comme « psychédélique et fusion » s’avèrerait finalement être un album bouillonnant d’agressivité ? Pour ce deuxième album de la trilogie sumérienne (après Absu en 2009 et avant Apsu d’ores et déjà prévu pour la fin 2012), le trio a décidé d’y aller pied au plancher, tout en faisant vivre ses concepts. Point d’envolées fumeuses ou d’instrumentations bizarres, ABSU a décidé d’aller à l’essentiel de son Black/Thrash diaboliquement incisif.

Succéder à Tara (2001), considéré par beaucoup comme un chef-d’œuvre, n’était pas chose aisée et Absu (2009) n’avait pas forcément rempli cette mission (pour ma part, le début de l’album est excellent, surtout l’exceptionnel "Between the Absu of Eridu & Erech," mais je me fais chier passé "13 Globes"). Pour Abzu, ABSU a déjà choisi de se limiter à 36 minutes. Et quelles 36 minutes ! ABSU nous délivre ici un album qui va droit au but, dans la lignée des morceaux les plus violents de Tara comme "From Ancient Times (Starless Skies Burn to Ash)". Proscriptor se lâche (à la batterie et au chant) au sein de morceaux qui poutrent et alignent les riffs tranchants par paquets de douze. Le cri suraïgu dès le début de "Earth Ripper" annonce la couleur, pour un Abzu très rapide et offensif aux riffs ultra-efficaces. Les quelques accès plus mélodiques où à la MELECHESH font également mouche au sein de ce morceau d’ouverture très bonnard, et les pieds de l’auditeur commencent déjà à taper frénétiquement sur le sol.

Et ABSU ne s’arrête pas en si bon chemin et semble déterminé à nous ravager la tronche. L’explosion de batterie au début de "Circles of the Oath" dégage bien les esgourdes, de même que les guitares ultra-accrocheuses entrecoupées d’assauts blastés et le chant saccadé de Proscriptor, rendant le morceau particulièrement irrésistible. "Abraxas Connexus" est une piste tout simplement géniale, avec un tempo plus varié qui ne laisse rien au hasard, et une seconde partie plus épique avec un refrain qui décoiffe. L’efficacité reste de mise avec l’excellent "Skrying in the Spirit Vision" avec une recette qui fonctionne toujours (et à nouveau une seconde partie salvatrice à souhait) et le très rentre-dedans "Ontologically, It Became Time & Space". Mais ABSU a aussi choisi de marier son concept et sa musique en présentant une dernière piste de 16 minutes intitulée "A Song for Ea", pourtant composée de 6 plages parfaitement distinctes. Pas de changement musical pour autant, malgré une intro/outro plus mélodique et plus sombre, le Black/Thrash énergique à souhait est encore de la partie, notamment grâce à cette tuerie qu’est "A Myriad of Portals" avec un Proscriptor très en vue au niveau des vocaux criards. Au final, on se prend 36 minutes d'assauts métalliques acérés dans les dents, et on en redemande en rappuyant sur « Play » jusqu'à l'aliènement.

Si les fans reprocheront probablement à cet album « trop de ci, pas assez de ça », déploreront la disparition quasi-totale du côté épique de The Third Storm Of Cythraul, ou alors resteront bloqués sur Tara même 10 ans après, il faut avouer qu’avec Abzu ABSU a décidé de ne pas se fouler, de ne pas révolutionner son style (quitte à ce que ce disque soit digéré très rapidement) et proposer un album tout simplement direct, percutant et efficace à souhait. Classique, mais délivrant quand même une bonne grosse baffe. Si le concept est un peu difficile à suivre (celui de chaque morceau est expliqué en long, large et travers dans le livret), la musique elle se contente de décalotter les tympans et personnellement, c’est tout ce que j’attendais de ce disque (n’ayant jamais considéré Tara comme une tuerie absolue). A noter que Blasphemer (MAYHEM) assure tous les solos de ce disque, qui se présente (seulement en pressage US apparemment) sous forme d’un digipack gris avec l’artwork façon gravure (la pochette en couleur se retrouvant sur le livret). Le meilleur album d’ABSU en ce qui me concerne, 36 minutes de « Mythological Occult Metal » jouissif comme jamais dans ta face !




Rédigé par : ZeSnake | 16.5/20 | Nb de lectures : 14325