Avant ce nouvel opus, Abstentia Lunae était un combo italien qui avait déjà à son actif deux démos et un album. Heureux possesseur du premier album, In Vmbrarvm Imperii Gloria, paru en 2006 et de la démo de 2004, je n'avais pourtant pas grand souvenir du contenu musical des bestiaux. Ça partait mal mon histoire avec ces Latins qui mettent des v à la place des u.

Et pour des Latins, on peut dire qu'ils ne sont pas chauds. Abstentia Lunae propose un black froid comme la pierre et brutal comme... heu... et brutal. Le groupe dégage une fureur digne des valeurs patriotiques transalpines qu'il véhicule; "L'Histoire nous donnera raison" clame le titre. Diantre, les velus. Et ils présentent même leur dernière offrande dans un boitier Superjewel Box standard size, d'où le chouette livret sera difficile à extirper.

Une fois passée l'intro interminable de six minutes, il faut avouer qu'Abstentia Lunae mérite d'être classé black brutal tellement le pied reste souvent coincé sur l'accélérateur. C'est du toutadonf, avec une caisse claire omniprésente, voire envahissante, dès que ça blaste un peu (souvent donc). Mais pour une seconde moitié, le groupe ménage toutefois de nombreux passages plus posés où les dissonances et les contretemps sont légion pour les Romains (gag raté, ils sont de Trieste, comme Melancolia Estatica dont le leader fait partie du line-up). Les dissonances et autres tentatives pour sonner bizarre évoquent également le travail de Mayhem. Et mon tout reste emballé dans une production sèche et agressive, qui renforce la brutalité de l'ensemble.

Le souci est que les 46 minutes de l'album sonnent fréquemment bordéliques, avec des riffs bien souvent moches et répétitifs, quand ils ne sont pas simplement aussi excitants qu'un ministre de la guerre en exercice. De plus, ces mêmes riffs sont difficilement lisibles, la faute à un choix de son de gratte acéré et un jeu de guitare vivace mais rapidement brouillon dès que la main gauche ose autre chose que le bête et fulgurant trémolo. A subir autant d'outrages, l'opus ne tient pas en haleine très longtemps et j'avoue que je me demande ce que je vais me mettre après, à peine arrivé au troisième titre.

Abstentia Lunae tente de varier son propos par quelques éléments extérieurs: un son de synthé "spatial" assez anecdotique ou un plop assez tout aussi tâche (apports surprenants de la part du habituellement plus créatif MZ), un chant clair à l'image du reste (comprenez "sans réel relief"). Rien n'y fait. L'ennui s'installe progressivement.

Depuis quelques temps, la scène italienne laisse filtrer des formations plus guerrières que la moyenne, dont l'agressivité n'a souvent d'égale que le circuit de riffs froids qui tournent en rond comme dans la cour d'une prison. Si la mouvance martiale peut séduire entre l'expatrié Ad Hominem et son ersatz Frangar, la frange plus brutale ici représentée ne m'attire pas vraiment. Abstentia Lunae veut en mettre plein les oreilles, comme beaucoup. Ils parviennent difficilement à le faire par manque de suites d'accords vraiment prenantes. Bof, bof quoi. En tout cas, l'Histoire ne va pas leur donner raison tout de suite, surtout vu le 1349 qui pointe à l'horizon.


Rédigé par : Prince de Lu | 10/20 | Nb de lectures : 12348