La grande tournée des labels continue pour ABSCESS. Après quelques escapades discographiques qui les ont vu côtoyer dans l’ordre des labels comme Necroharmonic, Red Stream et Bestial Burst, les voilà de retour chez Peaceville ou plus exactement chez Tyrant Syndicate, leur sous-label chapoté par le duo de DARKTHRONE. Une signature qui ne surprendra personne vu que Fenriz et Nocturno Culto ont toujours été fans de Chris Reifert depuis les tout débuts d’AUTOPSY en 1987.

Bien que les derniers enregistrements d’ABSCESS soient plus que recommandables, le groupe californien souffre d’un bien étrange syndrome qui veut que ses albums ne soient pas toujours d’une qualité constante. La prudence est donc de rigueur car la discographie d’ABSCESS flirte aussi bien avec le top que le médiocre. Une chose est certaine, quand il s’agit de planter les riffs d’un death old school bien cradingue, Chris Reifert et ses complices connaissent parfaitement leur affaire et « Horrorhammer » s’inscrit dans cette continuité et succède avec panache à l’excellent « Damned & mummified » sorti en 2004 que j’avais déjà plébiscité dans ces mêmes colonnes. Pourtant « Horrorhammer » ne se veut pas l’exacte resucée de son prédécesseur.

Au rayon des valeurs sûres, on retrouve des titres toujours aussi courts et extrêmement basiques dans leur mouture, balancés avec la délicatesse d’une torgnole de catcheur. Les vocaux s’épanchent volontiers dans ce style familier plus souvent proche du vomissement que de la chansonnette champêtre et les solos, pour certains bizarroïdes, fleurissent ici et là.
Enfin, « Horrorhammer » est l’occasion de nous délecter de ces passages de death/doom rampants aux exhalaisons pestilentielles si prisés par le groupe (« Poison Messiah », « Beneath a Blood red sun », « Horrorhammer ») ; cette espèce d’insondable death metal old school marécageux qui laisse pointer par moment le spectre d’influences sabbathiennes.

Mais cette fois-ci, ABSCESS a décidé de laisser libre cours à d’autres anciennes influences en incorporant une bonne dose de punk à quelques-uns de ses titres (« Another Private hell », « Exterminate », « Four Grey Walls »). Ainsi, entre une dose de death à l’ancienne 100% pur jus de Floride et une de death funèbre jouée au ralenti, on peut se délecter de ritournelles métalo-punk aux relents crossover bien envoyées.

Tout ça n’apporte rien de bien original à ABSCESS, c’est d’autant plus évident que le quatuor californien semble ne pas avoir d’autres ambitions que d’écrire une musique simpliste, bien rentre-dedans et facilement assimilable. Néanmoins l’utilisation de tempos typiquement punks apporte une dynamique supplémentaire au style d’ABSCESS. C’est loin d’être déplaisant, bien au contraire, et ça apporte surtout de nouvelles variations au death old school horrifique de nos compères.

Il va de soi que pour apprécier un tel album, il faut avoir des goûts prononcés pour le death des débuts (le groupe, comme le genre) et surtout priser les structures musicales relativement dépouillées. Si tel n’est pas votre cas, il est fort probable qu’une première écoute vous fera taper du pied ou balancer la tête mais il est d’autant plus probable que vous finissiez par vous ennuyer ferme à la longue.

Du death cradingue qui colle à la tronche comme du beurre de cacahuète avarié mais pour ma part, c’est QUE du bonheur…


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 13128